Quelques événements du 9 FÉVRIER

9 février 1450
Mort à Jumièges d'Agnès Sorel, maîtresse officielle de Charles VII. Ce qui distingue avantageusement Agnès Sorel parmi les maîtresses des rois, c'est que tandis que les autres ont trop souvent avili leurs amants, elle a illustré le sien, et ne s'est servi de l'empire que l'amour lui donnait sur Charles VII, que pour lui inspirer le courage convenable à sa situation, et qui seul pouvait lui faire reconquérir la France. Elle voulait être la maîtresse d'un roi, mais d'un roi qui ne fût pas sans royaume. L'amour qui écarta tant de héros des sentiers du devoir et de la gloire, y ramena l'heureux Charles VII.
Les historiens ont fait deux observations importantes sur Agnès Sorel ; l'une qu'elle se défendit longtemps contre son amant, et que cet amant était son roi : « Toute simple demoiselle que je suis, disait-elle un jour à Potron de Saintrailles, la conquête du roi ne sera pas facile ; je le révère et je l'honore ; mais je ne crois pas que j'aie rien à démêler avec la reine à son sujet. » Mais en amour la chute est toujours voisine du plus beau langage.
L'autre observation est que les amours du roi n'eurent point un éclat capable d'offenser les moeurs publiques. Charles VII eut onze enfants de la reine, pendant la liaison avec Agnès. Agnès Sorel eut de Charles VII trois filles, dont l'aînée eut une destinée tragique. Son mari, Jacques de Brezé, l'ayant surprise en adultère, la poignarda sur-le-champ avec son amant, qui était un homme attaché à son service, et s'appelait Pierre de Lavergne. Charles avait donné à Agnès le château de Beauté-sur-marne. Elle mourut en couche à l'abbaye de Jumièges, âgée de quarante ans, étant encore, disent les historiens, « la plus belle personne de France. »

9 février 1649
Charles Ier, roi d'Angleterre, condamné à mort, est exécuté par un bourreau masqué, devant le palais de Whitehall. Il était âgé de quarante-neuf ans. Après lui, Cromwell se plaça à la tête du gouvernement, sous le titre de Protecteur.

9 février 1675
Défaite de la flotte espagnole devant Messine, en Sicile, par le duc de Vivonne, et le sieur Duquesne, commandant la flotte française.

9 février 1703
Mort de Saint-Evremond. On peut le mettre au rang des hommes aimables et pleins d'esprit, qui ont fleuri les temps brillants de Louis XIV. Il entra d'abord chez le grand Condé, en qualité de lieutenant de ses gardes ; mais étant tombé dans sa disgrâce, il s'attacha au surintendant Fouquet, et ne fut pas plus heureux. Dans le temps qu'on faisait le procès au surintendant, Colbert qui cherchait partout des preuves contre celui qu'il voulut perdre, fit saisir des papiers confiés à madame du Plessis-Bellièvre, et dans ces papiers, on trouva une lettre de Saint-Evremond, sur la paix des Pyrénées.
« Saint-Evremond, dit le président Hénaut, s'avisa, dans une lettre écrite à M. de Créqui, de tourner le traité et le cardinal en ridicule. Mais si Saint-Evremond a été un bel esprit, comme on l'a prétendu, il était mauvais politique, de l'aveu de tout le monde : s'il eût été mieux instruit, il aurait su que le mariage du roi avec l'infante, n'était pas l'ouvrage d'un jour, ni l'idée du premier moment, mais le fruit des réflexions du cardinal Mazarin, qui montra bien que l'art de lire dans l'avenir n'était pas une chimères pour les hommes vraiment politiques. »
Saint-Evremond était sur le point d'être arrêté, lorsqu'il fut averti à temps, et se retira en Angleterre, où Charles II l'accueillit avec distinction. Plusieurs amis illustres employèrent tout leur crédit pour obtenir son rappel. Leurs soins n'eurent de succès, que dans un temps où Saint-Evremond, trop âgé, ne voulut plus profiter de la bonne volonté des ministres, et aima mieux, comme il le disait lui-même, « rester avec des gens accoutumé à sa loupe » (il en avait une sur le front). Le philosophe expatrié chercha à adoucir le chagrin de sa disgrâce par la lecture, la composition et l'amitié. La duchesse de Mazarin, s'étant brouillée avec son mari, quitta la cour de France, voyagea en différents pays, et passa enfin en Angleterre. Saint-Evremond la voyait souvent, ainsi que plusieurs gens de lettres qui s'assemblaient dans sa maison. C'est à cette dame qu'il adressa une grande partie de ses ouvrages.
Il avait toujours vécu en épicurien, et mourut de même. Quand on lui demanda s'il voulait se réconcilier, il répondit : « Je voudrais me réconcilier avec l'appétit. » Il fut enterré à Westminster, au milieu des rois et des grands hommes d'Angleterre.

9 février 1747
Le dauphin, père de Louis XVI, épouse en secondes noces Marie-Joséphine, troisième fille d'Auguste III, roi de Pologne.

9 février 1751
Mort de Henri-François d'Aguesseau, chancelier de France, savant et éloquent magistrat. Il était né à Limoges, le 27 novembre 1688.

9 février 1792
Après la décision de principe de la Constituante, en date du 2 novembre 1789, débute la vente des biens confisqués à l'Eglise. La quantité est si importante que cette vente se fera graduellement.

9 février 1801
La France et l'Autriche signent le traité de paix de Lunéville. Par celui-ci, les Autrichiens sont chassés d'Italie à l'exception de la Vénétie, et abandonnent à la France la rive gauche du Rhin, l'actuelle Belgique, où sont créés quatre départements.

9 février 1879
Naissance, à Saint-Denis, du dessinateur des petits Parisiens de la Butte : Francisque poulbot. Son nom est passé dans le langage courant pour désigner un gamin de Paris.

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