Quelques événements du 10 FÉVRIER

10 février 1430
Institution de l'ordre de la Toison d'Or. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, institua cet ordre en l'honneur d'une dame de Bruges, dont il était amoureux. Ce fut à l'occasion des plaisanteries échappées à quelques-uns de ses courtisans sur la couleur des cheveux de cette dame, qu'il conçut le dessein de changer en marque de distinction le sujet de leurs railleries. Le premier nombre des chevaliers fut fixé à trente-et-un, à savoir trente chevaliers et le grand-maître. Par la suite, il ne fut plus limité.
Il fut décidé, par les statuts, que les récipiendaires prouveraient quatre générations de noblesse, tant paternelle que maternelle. A l'extinction de la postérité masculine de la seconde branche de Bourgogne, la princesse Marie, fille unique du dernier duc, Charles le Téméraire, porta, par son mariage avec Maximilien, la grande maîtrise de la Toison d'Or dans la maison d'Autriche. Dans les premiers âges de l'ordre, les nouveaux chevaliers étaient élus dans le chapitre général à la pluralité des suffrages. Ces établissements d'ordres particuliers doivent être comptés parmi les causes qui contribuèrent insensiblement à la décadence de l'ancienne chevalerie. Le titre de simple chevalier commença dès lors à n'être plus considéré comme la plus honorable des distinctions militaires.

10 février 1577
La Ligue surnommée la Sainte-Union, est signée à Péronne par plus de deux cents gentilshommes. Henri III eut l'imprudence de s'en déclarer le chef ; sur quoi le président Hénault fait cette réflexion : « La Ligue est l'événement le plus singulier qu'on ait jamais lu dans l'histoire, et Henri III le prince le plus mal habile, de n'avoir pas prévu qu'il se mettait dans la dépendance de ce parti, en s'en rendant le chef. »

10 février 1589
Assassinat à Toulouse de Jean-Etienne Duranti. Fils d'un conseiller au parlement de TOulouse, d'abord capitoul en 1563, ensuite avocat-général, il fut nommé premier président du parlement par Henri III, en 1581, lorsque la France commençait à être en proie aux fureurs de la Ligue. Ce vertueux et respectable magistrat employa d'abord toute l'autorité de sa place et de son mérite, pour arrêter les intrigues des factieux. Après avoir plusieurs fois échappé à la mort, en s'opposant à des mouvements populaires, il périt, glorieuse victime de son courage et de sa fidélité.
Cet infortuné magistrat n'eut pas été plutôt assassiné, que tous les tigres et toutes les furies populaires se jetèrent avec rage sur son cadavre, le percèrent de mille coups, comme s'il eût été encore vivant, et le traînèrent par les pieds à la place de l'échafaud ; comme il n'y avait point de potence dressée, on l'attacha debout au pilori, et on cloua derrière lui le portrait du roi Henri III ; les uns lui arrachaient la barbe, les autres le suspendant par le nez, lui disaient : « Le roi t'était si cher ; te voilà maintenant avec lui. »
Telle fut la récompense des soins qu'il s'était donnés l'année précédente, pour sauver Toulouse des horreurs de la famine et de la peste. Cette ville lui devait encore la fondation du collège de l'Esquille, l'établissement de deux confréries, l'une pour marier les pauvres filles, l'autre pour soulager les prisonniers, et enfin, beaucoup de libéralités pour les jeunes gens qui donnaient des espérances.
Le lendemain de l'assassinat de Duranti, quelques amis fidèles le firent enterrer secrètement au grand couvent des Cordeliers ; il fut enseveli dans ce tableau de Henri III, qu'on avait attaché derrière lui.

10 février 1640
Prise d'Arras sur les Espagnols, par les maréchaux de Châtillon, de Chaulnes et de la Meilleraie.

10 février 1755
Mort de Montesquieu, président du parlement de Bordeaux, auteur de l'Esprit des Lois, oeuvre de génie qui a puissamment influé sur la marche des idées dans toute l'Europe. Montesquieu a encore composé le Traité sur la grandeur et la décadence des Romains, les Lettres persanes, et le Temple de Gnide.

10 février 1763
Traité de paix, signé à Paris, entre la France et l'Angleterre. Par le traité d'Utrecht, signé en 1713, la France avait cédé à l'Angleterre l'Acadie, voisine du Canada, avec toutes ses anciennes limites ; mais on n'avait pas spécifié quelles étaient ces limites : tel fut le prétexte dont les Anglais se servirent, en 1756, pour attaquer les Français au Canada, où, sans aucune déclaration de guerre, ils prirent plus de trois cents vaisseaux marchands, comme on saisirait des barques de contrebande.
L'état perdit au cours de cette funeste guerre la plus florissante jeunesse, plus de la moitié de l'argent comptant qui circulait dans le royaume, sa marine, son commerce, son crédit. On a cru qu'il était très aisé de prévenir tant de malheurs, en s'accommodant avec les Anglais, pour un terrain d'une si petite importance ; mais quelques ambitieux, pour se faire valoir et se rendre nécessaires, précipitèrent la France dans cette guerre fatale. Il en avait été de même en 1741. L'amour-propre de deux ou trois personnes suffit pour désoler toute l'Europe.
La France avait eu un si pressant besoin de cette pais, qu'elle regarda ceux qui la conclurent, comme les bienfaiteurs de la patrie. Toutes les ressources étaient épuisées ; tous les citoyens, à l'exemple du roi, avaient porté leur vaisselle à la monnaie. Plus d'argent, plus de secours, plus de crédit. Ceux qu'on choisissait pour régir les finances, étaient renvoyés après quelques mois d'administration ; les autres refusaient cet emploi, dans lequel on ne pouvait plus faire que du mal.
Le roi de France échangea Minorque, qu'il rendit au roi d'Espagne, contre Belle-Isle que l'Angleterre lui remit ; mais l'on perdit tout le Canada, avec Louisbourg et toutes les terres sur la gauche du grand fleuve de Mississipi. L'Espagne, pour arrondir les conquêtes des Anglais, leur donna encore la Floride. Ainsi, du vingt-cinquième degré jusque sur le pôle, presque tout leur appartint : ils partagèrent l'hémisphère américain avec les Espagnols.
Les petites îles de Saint-Vincent, la Grenade, Tabago, la Dominique, leur furent encore acquises ; et c'est par le moyen de ces îles, ainsi que par la Jamaïque, qu'ils firent un commerce immense avec les Espagnols. Perdant le Canada, la France recouvra la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Pierre-et-Miquelon et obtint avec beaucoup de difficulté le droit de pêche vers Terre-Neuve, ainsi qu'une petite île inculte, nommée Michslon, pour y faire sécher la morue, sans pouvoir y faire le moindre établissement, triste droit sujet à de fréquentes avanies.
La France, à laquelle on rendit Pondichéri et quelques comptoirs, fut exclue dans l'Inde de ses établissements sur le Gange ; elle céda ses possessions sur le Sénégal, mais on lui remit Gorée. On fut encore obligé de démolir toutes les fortifications de Dunkerque, du côté de la mer. La honte du nom français fut réparée dans la guerre de 1778, qui fut glorieusement terminée par la paix honorable de 1783, sous Louis XVI.

10 février 1806
Mort de Tronchet, célèbre jurisconsulte, l'un des rédacteurs du Code Civil. Il était presque déjà septuagénaire lorsque, le 12 décembre 1792, il accepta la défense de Louis XVI.

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