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Principauté de MONACO
(D'après « Aux pays d'azur, Nice, Monaco et Menton » paru en 1902)
Partie 2/2

:: L'arbre généalogique
de la dynastie Grimaldi
En 1317, la forteresse monégasque tomba de nouveau entre les mains des Guelfes, pour être reprise, en 1327, par leurs ennemis, après un terrible combat. Pendant ce temps, les galères monégasques continuaient sur mer leurs aventureuses équipées et la gloire que leur avait conquise Rainier Grimaldi, amiral général de France (mort en 1314), fleurissait toujours, redoutée, à leur proue d'airain. Cette gloire aboutissait à
Rainier Ier
L'amiral Rainier Ier,
seigneur de Cagnes
de telles conquêtes et à de tels ravages dans les villes ennemies, qu'en 1330, le sénéchal de Provence vint assiéger Monaco, qui capitula. En 1331, à la suite de l'intervention du roi Robert, les deux partis génois se réconcilièrent et les Grimaldi rentrèrent à Monaco. Charles Grimaldi (Charles Ier) fait de la forteresse une puissance ; sa marine va dans le Levant menacer le commerce et les possessions de Gênes et de Venise. Les Vénitiens recourent en vain au roi Robert, par le ministère du pape Benoît XII car le roi répond qu'il n'est pas le maître de Monaco.

Charles établit le droit de mer ou péage forcé sur les navires qui passaient en vue de ses remparts et auquel nul ne peut et n'ose se soustraire. En 1346, il va attaquer Gênes, avec 30 galères et 10 000 hommes ; puis, appelé en France par Philippe de Valois, il est blessé grièvement à la bataille de Crécy. A son retour, il augmente encore la renommée et l'étendue de Monaco, acquiert les seigneuries de Menton, de Castillon et de Roquebrune, qui, avec Vintimille, qu'il possédait au nom de la reine Jeanne, faisaient au rocher redoutable un territoire important. Toute cette gloire et toute cette puissance sombrent dans un désastre inattendu ; Gênes, d'abord surprise, rassemble ses forces et fond sur Monaco avec une flotte puissante et une armée commandée par le doge Boccanegra, qui investissent le fier castel par terre et par mer, forcent les Grimaldi à capituler en 1359, et après les avoir dépouillés de toutes leurs possessions, les frappent d'une formidable rançon de guerre. On dit que Charles, qui s'éteignit deux ans auparavant, en 1357, mourut de chagrin car atteint cruellement dans son orgueil.

Ce règne, si mouvementé, peut être considéré comme la synthèse de l'histoire des seigneurs de Monaco, qui flotte, au travers des âges, comme une bannière de gloire ; guerriers valeureux et héros illustres, capitaines, généraux et amiraux, ils sont alliés aux princes et aux rois, en lutte contre toutes les factions, seigneurs de contrées immenses, le lendemain dépouillés, triomphateurs acclamés ou prisonniers dédaigneux dans la pénombre des cachots. Et toute cette grandeur surprend notre petitesse moderne, toute cette fougue et cette fantaisie héroïque émeuvent, ainsi qu'un roman de chevalerie soudain réalisé.

Comme Don Ruy Gomès, dans Hernani, nous pouvons nous écrier : celui-ci, c'est Jean Grimaldi, qui bat les Vénitiens et leur prend 60 vaisseaux ; celle-là c'est une femme, Pomelline, épouse de Jean Grimaldi, qui refuse de rendre le château, cernée de toutes parts, malgré la menace faite de mettre à mort son mari au pied des murailles ; ici, c'est Jean II, qui déploya, en 1502, à l'entrée de Louis XII à Gênes, un faste, dont font mention les chroniqueurs du temps et qui fut tué par son frère dans une rixe au château de Menton ; là c'est Lucien Grimaldi qui battit monnaie, créa les écus d'or au soleil, vit reconnaître solennellement, par Louis XII en 1512, la souveraineté de Monaco, fondée sur ce que cette seigneurie n'est tenue que de Dieu et de l'épée, et que ses seigneurs n'ont jamais fait de reconnaissance à souverain, roi, ne prince, fors à Dieu, et fut assassiné par Barthélemy Doria.

Plus loin, c'est Hercule de Monaco, qui refuse de payer le subside à l'empereur, affirme la souveraineté de Monaco, et meurt, sous le poignard des séides de la maison de Savoie, à quelques pas de son palais ; ici encore Honoré II, qui prend le titre de Prince, et le chevaleresque Louis Ier créateur du code Louis, qui ferrait les chevaux de son carrosse avec des fers d'argent tenant seulement à un clou,
Monaco a la fin du XIXe siecle
Monaco, par Thomas Miles Richardson. 1874
afin qu'il fut plus facile de les perdre ; puis c'est le chevalier de Monaco, blessé à la bataille de Fontenoy, aux côtés du maréchal de Saxe, et dont Voltaire dit : « Monaco perd son sang et l'Amour en soupire ». Enfin la princesse Joseph de Monaco, condamnée à mort pendant la Terreur, et qui alla à l'échafaud, avec du rouge sur les joues, pour que sa pâleur ne fît pas croire qu'elle eut peur ; le prince Charles III qui, après les orages et les contrecoups des révolutions françaises, voit l'indépendance absolue de ses Etats reconnus définitivement par le traité du 2 février 1861.

Mentionnons un fait curieux dans l'histoire des Grimaldi. En 1731, leur famille s'éteignit, dans la ligne directe, en la personne de Louise Hippolyte, fille aînée du prince Antoine Ier et femme d'un gentilhomme breton, Jacques de Matignon, comte de Thorigny ; pour que le nom illustre des Grimaldi ne se perdît point, ce dernier renonça à son nom et à ses armes, pour prendre le nom de Jacques Ier de Monaco, avec le titre de duc de Valentinois et la dignité de Pair de France, octroyés par le roi Louis XV.

Réunie à la France en 1793, sur un rapport présenté par Carnot à la Convention, le 14 février, la Principauté fit partie du département des Alpes-Maritimes, pendant que le prince Honoré III, et tous les membres de sa famille étaient incarcérés ; bien qu'on eut déclaré qu'il avait toujours été l'ami sincère et l'allié de la France, le malheureux souverain mourut (21 mars 1795), après avoir été remis en liberté, épuisé par les chagrins et une détention de plus d'une année. Ses biens furent séquestrés, son palais pillé et Monaco reçut officiellement le nom de Fort d'Hercule.

Sous l'Empire, l'annexion fut maintenue et les princes de Monaco ne purent se faire rendre justice ; l'un d'eux, le prince Joseph, fut connu à la cour sous le nom de Mr de Monaco ; le fils aîné du duc de Valentinois, Honoré Gabriel de Monaco, fut aide de camp du général Grouchy et premier écuyer de l'impératrice Joséphine. La chute de l'Empire amena la restauration de la maison de Grimaldi ; le traité de Paris porte que « la Principauté de Monaco est toutefois replacée dans les rapports où elle se trouvait avant le 1er janvier 1792 », et Honoré IV reprit son titre de prince, sous le protectorat de la France.

Occupée par les troupes anglo-sardes, après les Cent Jours, la Sardaigne obtint, en 1815, le protectorat de la Principauté par le traité de Vienne, qui annulait à perpétuité les effets du traité de Paris. La Sardaigne exigea, en outre, la reconnaissance de sa suzeraineté sur Menton et Roquebrune. L'annexion du Comté de Nice à la France, en 1860, mit fin à cette situation, et la Sardaigne, en se retirant, laissait le prince Charles III libre de prendre avec la France les arrangements qui lui conviendraient ; le prince céda à la France, moyennant une indemnité, ses droits sur Menton et Roquebrune, et l'indépendance de la Principauté fut reconnue par le traité du 2 février 1861. L'article 5 de ce traité oblige la France d'entretenir et de rectifier à ses frais la route de Monaco à Menton et prévoit l'établissement d'une route carrossable entre Nice et la Principauté.

Albert Ier de Monaco
Albert Ier
Un autre traité, signé à Paris, le 6 décembre 1865, établit une union avec la France, comprenant l'attribution aux Administrations françaises des services des postes, douanes et télégraphes, moyennant une rétribution fixe accordée au Prince et le partage des recettes au-delà de cette rétribution ; d'autres dispositions visaient, dans un sens favorable à Monaco, la fourniture des poudres, des tabacs et du sel, interdisaient le séjour réciproque des expulsés des deux pays et obligeaient enfin la France à faire subir leur détention, dans ses prisons, aux individus condamnés par les tribunaux monégasques à une peine dépassant six mois.

Le prince Albert Ier, grand d'Espagne, né le 13 novembre 1848 et investi du pouvoir le 27 septembre 1889, fut le digne descendant de cette lignée de preux qui régnèrent par la grâce de Dieu et de leur épée, le dernier survivant de la noblesse féodale ; sa souveraineté avait résisté aux évolutions et à la bourrasque sociale de 1793 ; il avait conservé ses droits, ses privilèges, sa cour, son titre et son armée, sa jolie armée en uniforme bleu de ciel et rouge se composant de 75 soldats, ses tribunaux, le droit de grâce, sa monnaie, traitant d'égal à égal avec les souverains, ses cousins.

Ce fut un vaillant soldat qui combattit courageusement dans les rangs français, en 1870, décoré pour sa bravoure de la Légion d'honneur. En outre, homme d'une grande intégrité, il s'adonna à la science, et particulièrement à la zoologie ; ses nombreux et importants travaux furent appréciés, pour leur remarquable intérêt, à l'Académie des Sciences, à l'Institut et à la Société de géographie de Paris. Le Prince épousa, en premières noces, lady Mary Hamilton, fille du duc Guillaume d'Hamilton et Brandon, marquis de Douglas, duc de Châtellerault, et de Marie-Elisabeth de Bade, alliée à presque toutes les dynasties régnantes de l'Allemagne, et en secondes noces, la duchesse de Richelieu, née Alice Heine, fille du grand banquier parisien.

Notes sur l'évolution de la Principauté au XXe siècle
La Société des Bains de Mer et le Casino sont créés en 1856. Plusieurs hôtels sont construits sur le plateau des Spélugues, auquel en 1866 est donné le nom de Monte-Carlo (Mont-Charles, d'après le nom du Prince régnant). Son fils le Prince Albert Ier surnommé le Prince Navigateur ou le Prince Savant, fait accomplir de grands progrès aux
Rainier III de Monaco
Rainier III
sciences de la vie au seuil du XXe siècle. En 1910, il fonde à Monaco le Musée Océanographique, qu'il léguera par testament à l'Institut Océanographique créé par lui à Paris. En 1911, il donne à Monaco une organisation constitutionnelle, puis inaugure en 1920 à Paris l'Institut de Paléontologie Humaine, dédié avant tout à la recherche.

Sous le règne du Prince Louis II qui lui succède en 1922, est créée la Commission médico-juridique de Monaco (1933), qui esquissera les bases des Conventions de Genève de 1949. Le 8 juillet 1948, la Principauté adhère à l'Organisation mondiale de la santé.

Les seuls héritiers d'Albert Ier et de son fils Louis, célibataire endurci et déjà quinquagénaire, sont les ducs allemands d'Ulrach de la famille royale Wurtemberg. La IIIe République, germanophobe, menace d'annexer la principauté. Afin d'éviter ce péril, le prince héréditaire décide, avec l'accord de son père, d'adopter une enfant naturelle, née en 1898 en Algérie, de sa liaison avec Juliette Louvet. Charlotte Louvet devient en 1919 duchesse et princesse de Monaco en 1922. Elle épouse en 1920 le comte Pierre de Polignac qui, à l'exemple de Jacques de Matignon, adopte les noms et armes des Grimaldi. Ils auront deux enfants : Antoinette en 1920 et Rainier en 1923.

C'est en 1949 que le Prince Rainier III monte sur le trône, son règne étant l'un de ceux qui ont le plus transformé la Principauté. Il intensifie et diversifie les actions mises en œuvre pendant les trois règnes précédents, aussi bien dans les domaines politique, diplomatique, international, économique et social que dans ceux de l'éducation et du sport, de la santé, de la science, de la culture et de la communication. Il y ajoute une dimension industrielle. Il dote la Principauté d'une nouvelle Constitution le 17 décembre 1962. Monaco devient en 1993 un Etat membre de l'Organisation des Nations-Unies et entre au Conseil de l'Europe en 2004. Rainier III meurt le 6 avril 2005.

:: Histoire de Monaco - Partie 1/2


 

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