LA FRANCE PITTORESQUE
23 mars 1742 : mort du diplomate
et historien Jean-Baptiste Dubos,
secrétaire perpétuel de l’Académie française
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Publié le jeudi 21 mars 2013, par Redaction
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Ses Réflexions sur la poésie et sur la peinture, sont celui de ses ouvrages qui annonce le plus de talent et de vraie philosophie. « C’est, dit l’auteur du Siècle de Louis XIV, un des livres les plus utiles qu’on ait jamais écrit sur ces matières, chez aucune des nations de l’Europe. Ce qui fait la bonté de cet ouvrage, c’est qu’il n’y a que peu d’erreurs et beaucoup de réflexions vraies, nouvelles et profondes. Il manque cependant d’ordre et surtout de précision ; mais l’auteur pense et fait penser. Il ne savait pourtant pas la musique ; il n’avait jamais pu faire de vers, et n’avait pas un tableau ; mais il avait beaucoup lu, vu, entendu et réfléchi. »

La littérature ancienne lui était aussi connue que la moderne, et les langues savantes et étrangères autant que la sienne propre. Montesquieu et le président Hainaut ont trouvé ou prétendu trouver des erreurs dans son Histoire critique de l’établissement de la monarchie française dans les Gaules ; mais il faut convenir que sur ces matières, une opinion en vaut bien une autre ; les monuments de l’histoire de ces temps sont comme les nuées, dans lesquelles on voit ce que l’on veut. Le grand point, quand on traite des matières si obscures, est de montrer de l’érudition, de la critique, et de n’ennuyer que le moins qu’il est possible : c’est ce qu’a fait l’abbé Dubos.

Son chef-d’œuvre est l’Histoire de la Ligue de Cambrai, l’un des meilleurs morceaux d’histoire moderne qu’il y ait dans notre langue ; ouvrage où l’érudition instruit toujours, où la narration attache toujours, où la politique est rendue sensible dans tous ses intérêts, suivie dans tous ses détours, et réduite à sa juste valeur par une philosophie supérieure.

On a enfin de l’abbé Dubos un écrit célèbre par une prédiction qui s’est accomplie au bout de soixante-dix ans. Ce livre parut au commencement de la guerre de la succession d’Espagne, sous ce titre : Les intérêts de l’Angleterre malentendus dans la guerre présente. L’auteur prédit aux Anglais, dans cet ouvrage, que leurs colonies se sépareraient un jour de la métropole. Voilà quel était l’abbé Dubos, considéré comme homme de lettres ; il était de plus homme d’Etat ; et on s’en aperçoit dans son Histoire de la Ligue de Cambrai. Il fut employé dans les bureaux des affaires étrangères, sous M. de Torcy ; il fut chargé d’affaires importantes dans diverses cours, en Italie, en Allemagne, en Hollande, en Angleterre ; il eut part aux traités d’Utrecht, de Rastadt et de Bade. C’est avoir été utile à l’Europe. Il était né à Beauvais en 1670.

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