LA FRANCE PITTORESQUE
Lamartine (Alphonse de)
(D’après un article paru en 1834)
Publié le dimanche 7 février 2010, par LA RÉDACTION
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Lamartine est né à Mâcon, tout à la fin de 1790. Son grand-père avait exercé autrefois une charge dans la maison d’Orléans, et s’était ensuite retiré en province. La Révolution frappa sa famille comme toutes celles qui tenaient à l’ordre ancien par leur naissance et leurs opinions : les plus reculés souvenirs de M. de Lamartine le reportent à la maison d’arrêt où on le menait visiter son père.

Au sortir de la Terreur, et pour traverser les années encore difficiles qui suivirent, ses parents vécurent confinés dans cette terre obscure de Milly que le poète a chantée et décrite dans l’Harmonie intitulée : Milly, ou la terre natale. Il passa là avec ses soeurs une longue et innocente enfance, libre, rustique, sous les yeux d’une mère aussi distinguée par ses qualités du coeur que par l’esprit.

Il laissa cette vie domestique pour aller à Belley, au collèges des Pères de la Foi ; moins heureux qu’à Milly, il y trouva cependant du charme, des amis qu’il garda toujours, des guides indulgents et faciles. Après le collège, vers 1809, il vécut à Lyon, et fit, dès ce temps, un premier et court voyage en Italie. « Il fut ensuite à Paris, raconte M. Sainte-Beuve, versifiant beaucoup dès lors, jusque dans des lettres familières, songeant à la gloire poétique, à celle du théâtre en particulier ; d’ailleurs assez mécontent du sort, et trouvant mal de quoi satisfaire à ses goûts innés de noble aisance et grandeur. »

En 1813, la santé de M. de Lamartine s’altéra ; il revit l’Italie. Un certain nombre de vers des Méditations, et beaucoup de souvenirs dont le poète a fait usage par la suite, datent de ce voyage. La chute de l’Empire et la Restauration apportèrent de notables changements dans la destinée du poète. Il n’avait jamais servi l’Empire. En 1814 il entra dans une compagnie de gardes du corps. Mais, après les Cent Jours, il ne reprit point de service.

Tels sont les principaux événements qui précédèrent l’apparition des Méditations poétiques, dans les premiers mois de 1820. Le succès soudain qu’elles obtinrent fut l’un des plus éclatants du siècle depuis le Génie du christianisme. Le nom de l’auteur, qui ne se trouvait pas sur la première édition, devint instantanément glorieux.

Docile aux désirs de sa famille, M. de Lamartine profita de sa réussite pour mettre un pied dans la carrière diplomatique, et il fut attaché à la légation de Florence. La renommée, un héritage opulent, un mariage conforme à ses inclinations, tout lui arriva presque à la fois.


Les Secondes Méditations publiées en 1823 furent suivies de la Mort de Socrate, et du Dernier Chant d’Harold. Dans ce poème sur Byron, M. de Lamartine ayant apostrophé avec énergie l’Italie sur sa décadence et son esclavage, fut provoqué en duel par le colonel Pépé ; le poète fut blessé au bras. Il revint à Paris, après sept ans d’absence. En 1830 eut lieu sa réception à l’Académie française ; et dans la même année, quelques mois avant la révolution de juillet, on publia ses Harmonies poétiques et religieuses.

Lamartine a été envoyé à la chambre des députés par les électeurs de la ville de Dunkerque ; son élection a eu lieu en 1833, tandis que le poète parcourait l’Orient, où il a perdu sa fille unique. Notre gravure représente la maison de campagne de M. de Lamartine, à Saint-Point. Il a chanté cette retraite dans ces vers de ses Harmonies, adressés à Victor Hugo :

Je sais sur la colline
Une blanche maison ;
Un rocher la domine,
Un buisson d’aubépine
Est tout son horizon.

Là jamais ne s’élève
Bruit qui fasse penser ;
Jusqu’à ce qu’il s’achève
On peut mener son rêve
Et le recommencer.

Le clocher du village
surmonte ce séjour,
Sa voix, comme un hommage,
Monte au premier nuage
Que colore le jour !

...

Aux sons que l’écho roule
Le long des églantiers,
Vous voyez l’humble foule
Qui serpente et s’écoule
Dans les pieux sentiers.

...

La fenêtre est tournée
Vers le champ des tombeaux,
Où l’herbe moutonnée,
Couvre, après la journée,
Le sommeil des hameaux.

Plus d’une fleur nuance
Ce voile du sommeil ;
Là tout fut innocence,
Là tout dit : Espérance !
Tout parle de réveil !

...

Paix et mélancolie
Veillent là près des morts,
Et l’âme, recueillie,
Des vagues de la vie
Croit y toucher les bords !

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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