Les Alpes-de-Haute-Provence, anciennes Basses-Alpes, sont-elles une terre criminogène ? Un endroit où l’on tuerait sans raison et avec une sauvagerie rare ? Certains l’ont prétendu. Les romans de Jean Giono et de Pierre Magnan ont popularisé cette idée. Tout récemment encore, le cinéaste Luc Moullet " démontrait " - avec un humour à prendre au second degré - l’existence d’un " pentagone de la folie " qui épouserait plus ou moins les frontières du département et qui engloberait les villes de Sisteron, Manosque, Castellane..., où les habitants seraient en proie à des pulsions meurtrières. On s’y étriperait avec une joyeuse insouciance. Les causes de cette démence ravageuse ? Le mistral qui souffle fort, le manque d’iode provoquant des désordres thyroïdiens, l’isolement, la rudesse de la vie, la pauvreté et la malnutrition...
Il est vrai que le département, aussi petit soit-il, a été le théâtre d’événements tragiques, comme en témoignent la très célèbre affaire Dominici, la tuerie de Valensole, ou encore les nombreux assassinats de Lurs. C’est regrettable, mais la matière est riche ! Que le lecteur se rassure : la criminalité n’est pas plus élevée dans ce département qu’ailleurs. Elle y serait même légèrement inférieure. Alors, qu’est-ce qui fait que les drames qui s’y sont déroulés ont une intensité et un relief si impressionnants ? L’air de la montagne, peut-être. Ou ce diable de mistral...
Marie-Noëlle Paschal s’est installée en Haute-Provence il y a vingt-neuf ans. Elle est agrégée de lettres classiques, titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’art et d’un master d’archéologie. Amoureuse de sa région d’adoption, elle collabore depuis vingt et un ans au quotidien La Provence.
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