Pierre de Léon, qui se fit élire en 1130 sous le nom d’Anaclet II, tandis qu’Innocent II était choisi par la plus saine partie du conclave, avait pour père un gouverneur du château Saint-Ange, et pour grand-père un juif converti, auquel ses immenses richesses avaient donné un grand crédit auprès des papes. Voltaire n’appelle Anaclet que le pape juif ; c’est un bon mot qui manque de justesse : Anaclet n’était pas juif, et l’Eglise ne le reconnaît pas comme pape.
Cependant Anaclet régna dans Rome et s’y soutint contre les excommunications des conciles de Reims et de Pize, et contre les armes de l’empereur Lothaire ; celles de Roger, duc de Sicile, le protégeaient. Roger avait épousé la sœur de l’anti-pape, et avait reçu de lui l’investiture des Deux-Siciles. Arnoul de Sées, dans un traité contre les schismatiques, représente Anaclet sous les plus noires couleurs ; il l’accuse des mœurs les plus infâmes. Entre autres reproches, il lui adresse celui d’avoir eu des enfants de sa propre sœur, et de mener avec lui une fille déguisée en homme.
Peut-être ces imputations monstrueuses ne prouvent-elles rien, sinon qu’Innocent II, le rival d’Anaclet, avait des partisans qui ne croyaient pouvoir embrasser trop chaudement sa défense.
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