7 janvier 1431 : mort d'Amédée VIII, dit le Pacifique , premier duc de Savoie

Amédée VIII, né le 4 septembre 1383 à Chambéry, n’étant encore que dans sa huitième année, succéda à son père, sous la régence de Bonne de Bourbon. L’an 1401, le comte Amédée fit l’acquisition du comté de Genevois. L’an 1405, ce prince fonda l’Université de Turin. L’empereur Sigismond érigea la Savoie en duché en 1417. Veuf en 1428, et dégoûté du monde, Amédée, en 1434, se retira au prieuré de Ripaille, qu’il avait fondé près de Thonon, quatre ans auparavant : séjour qu’il rendit fameux par la vie paisible et agréable qu’il y mena.

Il y tint, le 7 novembre de la même année, une assemblée des grands de ses Etats, dans laquelle il institua l’ordre de chevalerie séculière, non de Saint-Maurice, comme le disent quelques historiens, mais de l’Annonciade, qui n’était qu’une réforme de celui du Collier, établi en 1362 par le Comte Amédée VI, dit le Vert. Le duc Amédée créa dans la même assemblée, prince de Piémont, et lieutenant-général de ses Etats, Louis son fils aîné, et donna à Philippe son autre fils le comté de Genevois.

Le lendemain il prend l’habit d’ermite avec ses nouveaux chevaliers, au nombre de six, et se rend dans un ermitage qu’il avait fait bâtir pour lui et pour eux, près de celui des ermites de Saint-Augustin, qui devaient être leurs directeurs. L’habit de ces nouveaux solitaires était d’un drap gris très fin ; ils portaient un bonnet d’écarlate, une ceinture d’or et une croix au cou, de la même matière. Ils avaient la barbe longue ; ils menaient une vie commode, et même, selon quelques-uns, voluptueuse : d’où est venu le proverbe, faire ripaille. C’est à cette opinion que font allusion ces jolis vers de Voltaire :

Ripaille, je te vois ! O bizarre Amédée.
Est-il vrai que dans ces beaux lieux,
Des soins et des grandeurs écartant toute idée,
Tu vécus en vrai sage, en vrai voluptueux,
Et que lassé bientôt de ton doux ermitage,
Tu voulus être pape et cesser d’être sage ?
Dieux sacrés du repos, je n’en ferai pas tant !
Et malgré les deux clefs dont la vertu nous frappe,
Si j’étais ainsi pénitent,
Je ne voudrais pas être pape.

Quoi qu’il en soit, les Pères du concile de Bâle jetèrent la vue sur Amédée pour le faire pape à la place d’Eugène IV, qu’ils avaient déposé. Après avoir beaucoup hésité, il accepta cette dignité, et prit le nom de Félix V, à son couronnement qui se fit le 24 juillet 1440, à Bâle. Le 6 janvier précédent, il s’était démis de ses Etats en faveur de son fils aîné. Son élévation au pontificat ne fut pas généralement reconnue. Amédée lutta contre Eugène et contre son successeur pendant près de dix ans ; mais enfin, craignant les suites de ce schisme, il déposa la tiare le 9 avril 1449 , et retourna dans sa solitude. Il mourut à Genève.