Ceux qui, n’ayant aucun tort à se reprocher, étant les victimes d’autres personnes, sont souvent, malgré cela, obligés de faire à celles-ci des soumissions
Fleury de Bellingen donne à peu près en ces termes l’origine historique de cette vieille locution. Lory, maintenant Lorris, est une petite ville du Gâtinais, située dans le Loiret. Quoique cette ville paraisse peu importante, elle avait autrefois des lois coutumières d’une grande notoriété pour quelques provinces de France, et surtout d’une très grande ancienneté.
Une de ces lois entre autres portait une amende sévère pour tous ceux qu’on pouvait convaincre d’avoir battu ou injurié quelqu’un. La loi leur adressait ces paroles, par lesquelles elle leur ordonnait de payer l’amende : « Le bas-tu ? paie l’amende. » En réalité, c’était donc le battant qui payait l’amende en expiation des coups qu’il avait portés.
Cette étymologie est certainement la plus amusante, mais elle n’est pas la plus authentique. A l’époque des épreuves du feu et de l’eau, lorsque le serment judiciaire était déféré à une partie, celle-ci choisissait parmi les siens un champion qui, armé du bouclier, se battait avec un bâton contre le champion désigné par la partie adverse.
Le vaincu était déclaré convaincu de parjure par sa défaite même, et il était condamné à avoir le poing coupé. Tous ceux qui étaient du côté du vaincu encouraient la même chance ; mais il leur était loisible de s’en exempter et de conserver leur main en payant une amende, ce qui était, on le conçoit aisément, beaucoup plus de leur goût. De là donc le proverbe, « Les battus paient l’amende ».
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