En 1785, la reine Marie-Antoinette acquiert la Joueuse de tympanon, une merveille de l’horlogerie capable de jouer huit airs différents
Dans sa vitrine du musée des Arts et Métiers, la petite joueuse de tympanon a l’air si malheureuse. C’est qu’on ne lui demande plus de jouer de son instrument. Les conservateurs craignent tellement qu’elle ne brise son mécanisme. C’est que la fraîche jeune fille au teint de pêche affiche tout de même 230 printemps.
D’abord, un petit mot sur le tympanon, instrument tombé dans l’oubli. S’il ressemble vaguement à un piano sans touches, il appartient à la famille des cithares. Mais une cithare horizontale dont les cordes sont frappées avec des mailloches. Apparu au XIIe siècle, joué par la noblesse, le tympanon a été emporté par la tourmente révolutionnaire.
Le mécanisme de la joueuse de tympanon est l’œuvre de l’horloger allemand Pierre Kintzing et de l’ébéniste de la reine David Roentgen. Un remontoir à ressort entraîne un mécanisme caché dans le corps de la joueuse et dans la table. Par l’intermédiaire de cames, il anime les bras, la tête et le buste revêtu d’une robe « petite Dauphine ». La réalisation de ce chef-d’œuvre a réclamé la participation d’une centaine d’artisans appartenant à vingt-six corps de métiers.
La joueuse est livrée à Marie-Antoinette en 1785. Elle possède un répertoire de huit airs, dont l’Aria de la bergère, extrait d’Armide de Gluck. Un compositeur particulièrement apprécié par la jeune reine. Selon son médecin, Joseph de Lassone, la souveraine aurait désiré « que cette figure automate fût examinée par quelques personnes de l’Académie des sciences ; et si on la jugeait digne d’être placée dans le cabinet des machines de cette Compagnie, Sa Majesté serait disposée à en faire présent à l’Académie. » Ce qui est fait. En 1864, l’Académie remet la joueuse de tympanon au Conservatoire des Arts et Métiers où elle est révisée par le célèbre illusionniste Robert-Houdin.
Frédéric Lewino et Anne-Sophie Jahn
Le Point
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