Pour noter ses idées ou écrire son courrier à la volée, l’écrivain s’était fait surélever un bureau. Ainsi évitait-il de perdre du temps en s’asseyant.
De 1832 à 1848, Victor Hugo logea place des Vosges, au deuxième étage de l’hôtel de Rohan-Guéménée. Aujourd’hui, le bâtiment est transformé en musée à sa gloire. Il faut chercher la fameuse écritoire dans la dernière pièce, qui lui servait de bureau.
C’est un meuble relativement délicat si on le compare aux autres biens du poète qui avait un faible pour des meubles gothiques plutôt lourdingues... Il avait demandé à un artisan menuisier de surélever une petite table en y ajoutant des pieds. Cette écritoire, il ne l’utilisait probablement pas pour rédiger ses romans, mais pour écrire à la volée son courrier ou encore des notes rapides, sans devoir s’asseoir.
L’écritoire de Victor Hugo |
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L’écritoire est en fait très postérieure à l’époque de la place de Vosges. Hugo l’utilisait vers la fin de sa vie, quand il logeait avenue d’Eylau (aujourd’hui, l’avenue Victor-Hugo). Ce n’est que bien après sa mort qu’elle fut, comme beaucoup de ses meubles, rapatriée dans le musée. Mais ce qui nous intéresse davantage encore que cette écritoire, c’est la petite porte qui est placée à sa gauche. C’est par là que Victor Hugo faisait entrer dans son bureau sa jeune maîtresse Léonie Biard. Mariée au peintre François-Auguste Biard, elle l’avait accompagné au Spitzberg et en avait retiré une grande notoriété.
Victor et Léonie se rencontrèrent à l’automne 1843. Il tomba aussitôt amoureux de l’avenante aventurière. Elle lui résista néanmoins de longs mois avant de succomber. La lecture de leurs lettres fait comprendre qu’il l’accueillit à plusieurs reprises dans son bureau, desservi par un escalier de service. Victor Hugo interdisait à quiconque de venir le déranger lorsqu’il écrivait ou était censé le faire...
Jusqu’au jour où un domestique força la porte du bureau de son maître sous le prétexte d’un pli urgent. Il surprit monsieur Hugo en train de lutiner madame Biard. Le domestique sut se taire, mais à partir de ce jour-là, les deux amants ne se rencontrèrent plus que dans une garçonnière du passage Saint-Roch. Là même où, le 5 juillet 1845, un commissaire les surprit en flagrant délit d’adultère. Mais cela est une autre histoire.
Frédéric Lewino et Anne-Sophie Jahn
Le Point
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