C’était une corporation qui ne pouvait manquer d’avoir une grande importance, aux temps où il n’y avait guère d’autres moyens de transport que le cheval ou la voiture attelée de chevaux
Cependant l’art que les maréchaux-ferrants pratiquent n’est pas très ancien : les peuples de l’Antiquité ne le connaissaient pas ; il semble bien que cet art ait été inventé par les Germains et qu’il ait été introduit en Gaule et en Italie, lors des invasions barbares, par conséquent vers le IVe ou le Ve siècle.
Armoiries de la corporation des maréchaux-ferrants |
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Le premier fer à clous que l’on connaisse a été retrouvé à Tournai dans le tombeau du roi mérovingien Childéric, mort en 481. Les maréchaux-ferrants au XIIIe siècle formaient une seule corporation avec les greffiers, qui fabriquaient probablement les fermetures de fer, telles que ces belles ferrures qui ornent les portes de la cathédrale de Paris, les heaumiers, fabricants de casques, qui se confondirent plus tard avec les armuriers, les vrilliers, qui faisaient les vrilles, et les maréchaux grossiers, ou maîtres des oeuvres noires, qui forgeaient les socs, les coutres, les fourches, les houes, les hoyaux, etc.
Seuls les maréchaux-ferrants avaient qualité, disent les statuts de 1687, pour « ferrer, panser, et médicamenter toutes sortes de bêtes chevalines ». Ce mot médicamenter peut étonner : jusqu’au XVIIIe siècle, les maréchaux furent en même temps vétérinaires. Leur science assurément n’était pas bien profonde ; elle se bornait aux remarques personnelles de ceux d’entre eux qui savaient observer les animaux qu’on leur amenait et aux recettes traditionnelles transmises de père en fils.
Voilà pourquoi vous voyez dans le dessin du XVIIIe siècle ci-contre, cet ouvrier maréchal occupé à raboter les dents d’un cheval. Les maréchaux allaient bientôt perdre ce privilège. En 1761, un écuyer, Claude Bourgelat, qui, dans les armées royales où il avait servi, avait pris la passion des chevaux et souffrait de voir ces braves bêtes si mal soignées dans leurs maladies, créa à ses propres frais une école à Lyon pour y former des jeunes gens dans l’art de soigner les maladies des animaux domestiques.
L’école réussit ; alors, le contrôleur général Bertin, qui était un ami de Bourgelat, l’appela à Paris pour y fonder auprès de la capitale, dans le village d’Alfort, une école du même genre. Un grand nombre de jeunes gens vinrent de France et de l’étranger suivre les cours de Bourgelat et ce furent ses élèves qui créèrent successivement les écoles de Copenhague, de Dresde, de Vienne, de Berlin, de Londres, de Madrid, etc.
Ce n’est pas, d’ailleurs, une mince gloire pour notre pays que d’avoir été le premier dans le monde à créer un enseignement pour apprendre à l’homme à soigner les animaux domestiques, à soulager dans leurs maladies ceux que saint François d’Assise appelait d’une façon si doucement charitable « nos frères inférieurs ».
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