Le 17 mars 1560, 57 des réformés ayant voulu enlever François II sont décapités et pendus aux balcons du château
Le sixième château ayant consenti à nous montrer ses recoins interdits est celui d’Amboise. Le Somptueux Château, comme le surnommait justement François Ier. Même s’il a perdu de sa superbe aujourd’hui avec la disparition des quatre cinquièmes de ses bâtiments, le château d’Amboise reste un des plus beaux de France. Depuis l’Antiquité, le site est occupé par un oppidum. À l’époque des invasions normandes, la bourgade est entourée de fortifications avec une première forteresse. Durant quatre siècles, elle appartient à la puissante famille d’Amboise, puis elle entre dans le domaine royal en 1431, sous Charles VII qui y fit plusieurs séjours.
Trente-huit ans plus tard, Louis XI y crée même le fameux ordre de Saint-Michel. Son successeur Charles VIII naît dans le château où il est élevé. Devenu roi, il ordonne de grands travaux pour le rendre plus confortable et l’adapter au goût du jour. Il fait venir des artistes italiens. Ainsi s’élève une aile au style gothique flamboyant abritant les logis du roi et de la reine, la chapelle Saint-Hubert et deux tours cavalières exceptionnelles. Pourtant, Amboise se révélera funeste pour le jeune roi puisque le 7 avril 1498 il y meurt à l’âge de vingt-sept ans, après avoir heurté de la tête le linteau d’une porte.
Son successeur, Louis XII, fait bâtir une seconde aile dans le style Renaissance. Après sa mort, François Ier commence par se désintéresser d’Amboise au profit de Blois, de Chambord et de Fontainebleau. Néanmoins, à son retour de captivité à Madrid, il adjoint des ailes au donjon primitif, dont celle qui abritera son logis.
Le 17 mars 1560, le château d’Amboise est le théâtre de l’un des événements les plus sombres de l’histoire de France : l’exécution de cinquante-sept des chefs de la conjuration d’Amboise. À l’instigation secrète du prince de Condé, des hommes appartenant à la religion réformée convergent de toute la France pour enlever le jeune roi de France, François II, à Amboise.
Le complot est éventé par les Guise et la reine mère Catherine de Médicis. Les conjurés sont décimés dans la campagne environnante et cinquante-sept d’entre eux, faits captifs, sont exécutés par le bourreau au pied du château, sous le regard des gentilshommes de la cour répartis sur les balcons du château. Les cadavres de sept des condamnés sont accrochés aux créneaux et aux balcons. C’est le début des guerres de religion.
Frédéric Lewino et Anne-Sophie Jahn
Le Point
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