La bénédiction de la cathédrale en 1866 pour en faire un édifice sacré ne coïncide pas tout à fait avec la fin de la reconstruction de la cathédrale, qu’on peut fixer entre 1856 (achèvement du gros œuvre) et 1870, voire plus.
Mais les dates sont proches. Cette année 2016 pourrait donc être mise à profit par la ville pour braquer les projecteurs sur l’histoire de Notre-Dame, dont la première pierre fut posée en mai 1827. Une histoire peu banale...
Détruite par... des promoteurs
Contrairement à ce qu’on croit, l’ancienne église Notre-Dame, édifiée au Moyen Âge (de styles roman et gothique), n’a pas été détruite sous la Révolution. En revanche, sa démolition en 1798 en est une conséquence. « L’église avait été fermée au culte, puis vendue comme bien national, explique Frédéric Debussche, animateur du patrimoine de Boulogne. Des promoteurs ont racheté l’église pour construire à la place des immeubles de rapport (dont les plans sont conservés à la bibliothèque municipale). Ils ont eu le temps de faire détruire l’église, qui a été démantelée... » Il ne restait plus qu’un champ de ruines quand l’abbé Haffreingue a racheté le terrain.
Un curé bâtisseur
Une des particularités de la cathédrale est sa reconstruction sous l’impulsion fervente de ce jeune abbé dont on dit qu’il en fut l’architecte autodidacte. Là encore, le mythe dépasse un peu la réalité. S’il est vrai que l’édifice est son œuvre, et qu’il a fortement inspiré les plans, il fut tout de même aidé. « Il a conçu le plan de l’église avec l’architecte Édouard Béthencourt... ».
Ce qui n’empêcha pas les architectes professionnels d’être un peu effrayés par le résultat. Dans les années 1870, celui en charge des Monuments historiques aurait dit quelque chose comme : « Ça tient, c’est étonnant, mais bon ça tient. »
Un édifice bien de son temps
L’édifice révéla ensuite sa grande fragilité. Si son architecture paraît étrange pour Boulogne, elle est pourtant bien de son temps, époque où prévalait le style néo-classique. D’où ses similitudes avec Saint-Pierre de Rome, Saint-Paul de Londres ou le Panthéon. Toutes surmontées d’un dôme assez caractéristique... et vertigineux.
Dans les années 1920, il fallut reconstruire la voûte de la nef, qui s’était effondrée, poser des renforts en béton et installer des témoins pour suivre l’évolution des fissures. Rebelote dans les années 30, où ces renforts en béton furent multipliés : sous le dôme de 88 mètres, qui avait failli s’effondrer, dans la crypte, etc. Depuis, Notre-Dame fait l’objet de travaux de restauration réguliers. Mais ne vous en faites pas, elle est bien suivie, notamment par l’architecte des Monuments de France.
Emmanuelle Dupeux
La Voix du Nord
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