Si les horloges à roues, à l’image de celle que reçut Charlemagne en cadeau en 807, sont connues au moins depuis le Ve siècle et font l’objet de nombre de perfectionnements permettant de voir éclore, au XIVe siècle, la première grosse horloge de la capitale, l’apparition en France des montres remonte au moins au XVe siècle, une anecdote mettant en scène le roi Louis XI à leur sujet
Les horloges à roues ne sont pas d’invention moderne ; les Anciens les ont-ils connues ? On n’en parle pas avant le Ve siècle. On prétend que le philosophe Boèce (470-524) et l’écrivain et homme politique Cassiodore (vers 485 - vers 580) en possédaient ; ce dernier, dit-on, s’amusait sur ses vieux jours à en faire lui-même. Les essais d’horloge à roues disparurent au Moyen Age, au point que le pape Paul Ier (757-767), envoyant en 760 une horloge à rouages à Pépin le Bref, père de Charlemagne, cette machine passa pour une chose unique dans le monde.
En 807, Haroun al-Raschid, calife de Bagdad, fit présent à Charlemagne d’une horloge dont la mécanique était admirable, au rapport des historiens du temps. Il s’agissait d’une horloge en laiton d’une exécution admirable pour le temps. Mise en mouvement par une clepsydre, elle marquait les douze heures, et il y avait autant de balles d’airain qui tombaient sur un timbre placé au-dessous : douze portes s’ouvraient pour donner passage à autant de cavaliers. Cette horloge indiquait, dit-on, une infinité d’autres choses. Il y avait également quelques figures que les roues de cette horloge faisaient mouvoir.
Les Italiens imitèrent les premiers les deux horloges à roues dont nous venons de parler : un prêtre, nommé Pacificus, fit le premier une horloge sur ce modèle ; il mourut en 846.
On attribue l’invention de l’horloge à balancier au fameux Gerbert d’Aurillac, précepteur de l’empereur du Saint-Empire romain germanique Othon III (996-1002) et du jeune roi des Francs Robert II le Pieux (996-1031), puis pape sous le nom de Sylvestre II (999-1003). Il construisit, dit-on, la première à Magdebourg, en 996. Au début du XIVe siècle, parut à Londres l’horloge de Wallingford, bénédictin Anglais, mort en 1325.
Horloge à eau envoyée en présent par le calife Haroun al-Raschid à Charlemagne |
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Jacques de Dondis (1293-1359) — Jacopo Dondi, médecin et horloger italien surnommé Horologius — fit une horloge qui marquait, outre les heures, le cours annuel du soleil, suivant les douze signes du Zodiaque, avec le cours des planètes ; elle fut placée sur la tour du palais de Padoue, en 1344.
Bientôt on ne vit plus que des horloges à contrepoids, à sonnerie. Celle de Courtrai fut une des plus célèbres ; Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, la fit enlever et transporter à Dijon en 1382. L’horloge du palais de Paris est la première grosse horloge que la capitale ait possédée. Elle fut faite par Henri de Vic, que Charles V fit venir d’Allemagne. Il avait six sous par jour et son logement dans la tour du palais, sur laquelle cette horloge fut placée en 1370. L’horloge du château de Montargis fut faite vers l’an 1380, par Jean Jouvence.
Au milieu du XVIe siècle, le mécanisme des grosses horloges s’étendit et se perfectionna partout. Henri II fit faire celle du château d’Anet (Eure-et-Loir), bâti par ce prince pour Diane de Poitiers, qui y mourut en avril 1566, sept ans après la mort de Henri. Celle de Strasbourg, achevée en 1573, passe pour une des plus étonnantes de l’Europe, comme celle de Lyon, pour la plus belle de France ; celle-ci fut faite par Nicolas Lippius, de Bâle, en 1598, rétablie et augmentée en 1660, par Guillaume Nourisson, habile horloger Lyonnais.
Quant aux montres et pendules, c’est-à-dire, aux petites horloges portatives et à sonnerie, on les fait remonter au XIe ou XIIe siècle, et on en attribue l’origine aux Sarrasins. Elles étaient déjà connues en France au XVe siècle ; car on raconte qu’un gentilhomme ruiné, étant entré dans la chambre de Louis XI, prit son horloge et la mit dans sa manche, où elle sonna. Le roi non seulement lui pardonna ce vol, mais il lui fit présent de l’horloge. Carovagius, un Bernardin qui avait appris l’horlogerie à Pavie, fit sur la fin du même siècle un réveil pour André Alciat, lequel réveil sonnait à l’heure marquée, et du même coup battait le fusil et allumait la bougie.
Quant aux montres, on croit que les premières ne remontent guère avant 1550 ; quoique portatives, elles devaient être fort grosses. Il paraît que l’art se perfectionna assez promptement soit pour la composition intérieure, soit pour la diminution du volume ; car, du temps de Charles IX et de Henri III, on voyait, dit-on, des montres fort bien travaillées et de toutes grandeurs, petites, plates, en forme de glands, de coquilles et même dans des bagues. Le philosophe et homme d’église William Derham (1657-1735) dit qu’il en a vu une qui avait appartenu à Henri VIII d’Angleterre et qui allait pendant une semaine. Le Père Alexandre, dans son Traité général des horloges (1734), rapporte qu’au commencement du XVIIe siècle, on faisait des montres si petites, que les dames les portaient en pendants d’oreilles.
Horloge du palais de la Cité après la restauration de 2012 |
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Le célèbre Huyghens fit faire de grands progrès à l’horlogerie par les découvertes dont il l’enrichit, et surtout par l’application qu’il fit, en 1657, du pendule aux horloges pour en régler le mouvement. C’est de lui que vient le nom de pendule (au féminin), donné aux horloges de chambre. Un nommé Gruet, Genevois, établi à Londres, imagina la petite chaîne d’acier, qui sert à communiquer le mouvement du tambour à la fusée, et remédia par ce moyen aux inconvénients des cordes de boyau dont on se servait auparavant pour les montres.
L’invention des montres à répétition est due aux Anglais. Edward Barlow fit des pendules à répétition, en 1676 ; quelque temps après, il appliqua cette invention aux montres, et le célèbre britannique Thomas Tompion (1638-1713) exécuta la première de cette espèce : il y avait un petit bouton ou poussoir à chaque côté de la boîte ; par l’un on faisait répéter l’heure, et par l’autre les quarts. Barlow sollicitait un privilège exclusif pour ces sortes de montres, quand un nommé Quare, habile horloger, en fit une supérieure à celle de Barlow : il la présenta à Jaques II et à son conseil ; le privilège n’eut pas lieu. A cette époque, l’art de l’horlogerie est alors porté au plus haut degré de perfection ; et l’on connaît des mécaniques dans ce genre qui tiennent du prodige.
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