Si les pierres pouvaient parler ! Celles du château de la Punta, en Corse, constituaient le palais des Tuileries, situé en plein Paris.
Si les pierres pouvaient parler ! Celles du palais des Tuileries ont vu la première grande fête du Roi Soleil en 1661, l’invasion du peuple qui veut s’emparer de Louis XVI en 1792, les scènes révolutionnaires de 1830-1848 décrites par Gustave Flaubert dans L’Éducation sentimentale, la fuite de l’impératrice Eugénie par un corridor en 1870... Ces pierres sont aujourd’hui perchées au-dessus d’Ajaccio, elles vivent leur seconde vie dans les murs du château de la Punta, en Corse.
On ne savait que faire des ruines du palais des Tuileries, brûlé pendant la Commune, dont le caractère éminemment symbolique était tout aussi puissant qu’encombrant — le dernier occupant du palais a été Napoléon III. Au cours d’une vente aux enchères, où tout un chacun entendait posséder son morceau de la bâtisse royale, la famille Pozzo Di Borgo s’est distinguée.
Cette grande lignée corse, ennemie des Bonaparte, avait besoin de reconstruire son propre château. Elle acheta alors la grande majorité des pierres des Tuileries. Chaque pièce fut démontée, étiquetée, mise en caisse, chargée par bateau et hissée à travers la montagne sur l’île de beauté.
Ironie de l’histoire, en 1978, le château a brûlé. Aujourd’hui vide, il appartient au Conseil général, puisque la famille Pozzo Di Borgo l’a vendu faute de moyens pour l’entretenir. Avec François-Guillaume Lorrain on est tenté de dire que « l’histoire se répète, comme s’il y avait une malédiction sur ces pierres qui sont nées de la volonté de Catherine de Médicis », qui elle-même n’avait pas pu voir fini le palais des Tuileries.
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Écouter l’intégralité de l’entretien (12 mn) de François-Guillaume Lorrain, auteur de Ces lieux qui ont fait la France aux éditions Fayard (2015) (CLIQUEZ ICI pour connaître les détails de l’ouvrage)
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