LA FRANCE PITTORESQUE
A parte
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Publié le jeudi 14 avril 2016, par Redaction
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À part
 

On appelle ainsi les exclamations, les mots, les phrases courtes, qu’un personnage en scène jette en dehors du dialogue, et qui, destinés au spectateur, ne sont censés entendus que de lui seul. On a dit beaucoup de bien et beaucoup de mal de l’aparté ; on a loué ses faciles ressources ; on a critiqué son invraisemblance.

Un soir, dans une assemblée de gens de lettres, on discutait sur l’emploi des aparté au théâtre. La Fontaine s’en déclarait l’adversaire, et les accusait d’invraisemblance, « Est-il possible, s’écriait-il, que le public entende ce que l’acteur n’entend pas, quoiqu’il soit à côté de celui qui parle ! » Pendant qu’il développait chaleureusement cette idée, Boileau, assis à ses côtés, disait à haute voix : « Quel butor que ce La Fontaine ! Quel entêté ! Quel extravagant ! » Le fabuliste, sans rien entendre, continuait sa dissertation ; mais voyant rire les assistants, il en demanda la cause, « Eh ! lui dit Boileau, vous déclamez contre la vraisemblance des aparté, et il y a une heure que je vous débite une kyrielle d’injures aux oreilles sans que vous y ayez fait attention. »

On voit que, dans les moments où l’action est pleine de chaleur et de mouvement, l’aparté ne choque ni le goût ni la vérité, pourvu que l’acteur ne se préoccupe pas du public, mais seulement de l’objet qui le frappe ou du sentiment qui l’émeut.

« Il n’est pas, mon cher lecteur, que vous n’ayez a parte quelque manie particulière, que vous ne montiez de temps en temps sur quelque califourchon qui vous fasse courir bien loin. » (STERNE)

« Quand M. de Chateaubriand était présent dans ce salon, tout se rapportait à lui, mais il n’y était pas toujours, et même alors il y avait des places, des degrés, des aparté pour chacun. » (SAINTE-BEUVE)

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