Tête morte
Expression dont se servaient les alchimistes pour désigner le résidu non liquide de leurs analyses. Le nom de caput mortuum venait de ce que, dans leur langage figuré, ils comparaient ces résidus à une tête de laquelle la distillation avait enlevé l’esprit.
Un orateur moderne a transporté ce mot dans le langage parlementaire, en l’appliquant à ce qu’on a coutume d’appeler la queue des partis, c’est-à-dire chose nulle, réduite à néant.
« De même qu’on trouve entre les partis et au-dessous d’eux une espèce de caput mortuum de la société, on trouve entre les partis et au-dessus d’eux l’élite de l’humanité. » (J. DROZ)
« M. l’abbé Mignot, frère de madame Denis et, par conséquent, neveu de M. de Voltaire, vient de publier une histoire de l’empire ottoman. Ce neveu n’est pas le premier homme du siècle après son oncle ; il est un peu épais ; l’oncle, s’étant emparé de toute la matière subtile, ne lui a laissé que le caput mortuum. » (GRIMM, Correspondance littéraire)
« Les éclectiques n’ont rien reconstruit ; ils ont pris à la tradition du dix-huitième siècle ce qu’il ne fallait pas lui prendre, ce qui n’est jamais fécond, une forme, vrai caput mortuum que les siècles abandonnent en cessant d’être, comme la dépouille mortelle que nous confions à la terre en mourant, et ils ont délaissé l’esprit que cette forme recélait. » (Pierre LEROUX, Réfutation de l’éclectisme)
« La classe des indigents est en France une sorte de caput mortuum que l’industrie, et surtout l’industrie manufacturière, prend à son service quand elle a besoin de bras, et qu’elle abandonne sans pitié quand elle n’en a plus besoin. » (Pierre LEROUX, De la Ploutocratie)
« Lisez la réponse de Locke à l’évêque de Worcester ; vous y sentirez je ne sais quel ton de hauteur mal étouffée, je ne sais quelle acrimonie mal déguisée, tout à fait naturelle à l’homme qui appelait, comme vous savez, le corps épiscopal d’Angleterre le caput mortuum de la chambre des pairs. » (Joseph de MAISTRE)
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