D’une dent dédaigneuse
Horace (liv. II, sat. VI, v. 87) fait une peinture charmante du dédain avec lequel le rat de ville goûte au frugal repas du rat des champs, qui pourtant apporte du raisin sec et des morceaux de lard, et cherche par des mets variés à vaincre le dégoût de son hôte, qui touche à tout d’une dent dédaigneuse, dente superbo.
Ce rat de ville était le plus superbe rat. Effleurant chaque mets, sa fierté dédaigneuse Les laissait retomber d’une dent paresseuse.DARU
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Le héron de La Fontaine voit des tanches sur l’eau :
Le mets ne lui plut pas ; il s’attendait à mieux Et montrait un goût dédaigneux Comme le rat du bon Horace. |
« Si, par malheur pour ces gourmands consommés, ils sont admis à un banquet dont le bon cœur et l’économie ont dirigé le service, ils sont comme effrayés des viandes ordinaires qui, quoique succulentes, des entremets communs qui, quoique délicats, ne peuvent plus procurer à leur palais blasé, les sensations doucereuses qu’ils recherchent ; on les voit, semblables à ce rat dédaigneux de la fable, ne toucher aux mets que du bout des dents : Dente superbo. » (Galerie de Littérature)
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