Tant que vous serez heureux, vous aurez beaucoup d’amis
Ainsi parle Ovide exilé, et il ajoute : Tempora si fuerint nubila, solus eris (si le ciel se couvre de nuages, vous serez seul). Le vieux poète Rutebeuf a dit avec finesse : Ce sont amis que vent emporte, et il ventait devant ma porte. M. Ponsard en a donné aussi une heureuse traduction dans sa comédie l’Honneur et l’Argent : « Heureux, vous trouverez des amitiés sans nombre, mais vous resterez seul si le temps devient sombre. »
Cette idée de l’isolement qui se fait autour du malheureux a fourni au P. Félix une belle image. Après avoir parlé du reniement de saint Pierre, l’éloquent orateur compare Jésus-Christ, abandonné de tous, à un arbre dont le feuillage épais a longtemps servi d’asile à des milliers d’oiseaux ; le bûcheron arrive et au premier coup de hache, tout s’enfuit, l’arbre reste seul, solus eris.
« Un ami, pour la plupart des hommes, est un complaisant qui les amuse, qui se prête à leurs goûts, à leurs caprices, qui partage habituellement leurs plaisirs, qui les admire, qui veut bien les aider à dissiper leur fortune. Faut-il être surpris de voir disparaître des amis de cette trempe dès que la fortune est disparue. Ovide a dit avec assez de raison : Donec eris felix multos numerabis amicos ; Tempora si fuerint nubila solus eris. » (D’HOLBACH)
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