En mourant, il revoit en souvenir sa chère Argos (VIRGILE, Énéide, liv. X, v. 782)
Anthor, le compagnon d’Hercule, l’ami d’Évandre, avait suivi Énée en Italie. Dans un combat contre Mézence, l’infortuné Anthor reçoit un trait destiné au héros troyen. Sternitur infelix... et dulces moriens reminiscitur Argos. « Il tombe et, mourant, il revoit en souvenir sa chère Argos », c’est-à-dire la patrie, le foyer paternel.
Si le pathétique est ce qui émeut le cœur et dispose à répandre des larmes, qu’y a-t-il de plus touchant que le tableau de ce jeune guerrier qui se rappelle en mourant sa douce patrie et jette vers elle un dernier regard !
« Adieu, mon cher ange, dites bien à madame Denis combien elle est adorable ; j’ai été tenté de partir sur la jument Borak de Mahomet pour venir l’embrasser, mais je n’ai pas assez de santé pour voyager à présent ; je suis tout malingre, et dulces moriens reminiscitur Argos. Adieu, mes respects aux anges ; vous êtes mon Argos. » (VOLTAIRE, Lettres)
Si tu m’aimais, Phoedine, il fallait me pleurer Quand d’un titre funeste on me vint honorer, Et lorsque m’arrachant du doux sein de la Grèce, Dans ce climat barbare on traîna ta maîtresse ! |
« Ce retour vers son heureuse patrie, si naturel dans un pareil moment, rappelle le dulces moriens reminiscitur Argos et l’Histoire malheureuse de ma gloire. Que de beautés ! » (LA HARPE, Commentaires sur Racine)
« Cet animal nous toucha : nous lui trouvâmes l’air mélancolique et consterné des nouveaux détenus à leur entrée dans la prison. C’était triste à voir comme cette lionne pleurait et comme elle semblait regretter le sable absent de sa douce patrie, dulces reminiscitur Argos. (A. ESQUIROS, Visite au Jardin des Plantes)
« Si je connais Gaffi, disait Vidocq ; j’ai vu de ses cheveux !... Il savait sur le bout de son doigt toute son histoire de la rue de Jérusalem... Reminiscitur Argos. » (J. JANIN)
« Avant que le feu et la magie de votre pinceau eussent animé cette scène de carnage, déjà, par le seul secours de votre crayon, j’avais vu la fougue des coursiers, le désordre des lances, le mouvement des bataillons, la terreur des fuyards et l’agonie de ce jeune guerrier. Sternitur et dulces moriens reminiscitur Argos. A votre simple trait, ce vers touchant était déjà sur mes lèvres. » (TOPFFER)
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