Pour fuir un défaut, les maladroits tombent dans le défaut contraire (HORACE, liv. I, sat. II, vers 24)
Boileau a dit : Souvent la peur d’un mal nous conduit dans un pire. Horace, pour compléter sa pensée ajoute le vers suivant, devenu proverbe : Pastillos Rufilius clet, Gorgonius hircum (Rufilius sent l’ambre, Gorgonius le bouc). La même pensée se retrouve dans ce vers devenu proverbe : Incidit in Scyllam cupiens vitare Charybdim (Pour éviter Charybde, il tombe dans Scylla).
En vertu de l’axiome : on ne prête qu’aux riches, on a souvent attribué ce vers à Horace ou à Virgile ; restituons-le à son véritable auteur, Gauthier, de Lille, surnommé de Châtillon, qui vivait au quinzième siècle. Il a composé un poème en dix chants, intitulé l’Alexandréide. Le vers dont il s’agit est le 301e du cinquième livre, où le poète s’adresse à Danius qui, fuyant Alexandre, tomba entre les mains de Bessus.
Quo tendis inertem Rex periture, fugam ? Nescis heu ! perdite, nescis Quem fugas ; hostes incurris dum fugis hostem, Incidis in Scyllam cupiens vitare Charybdim. |
(Roi, qui dois périr, où cours-tu dans ta fuite inutile ? Hélas, malheureux, tu ne sais qui tu dois fuir. Pour échapper à un ennemi tu te précipites sous les coups d’un ennemi, pour éviter Charybde tu tombes dans Scylla.)
Dans La Vieille et les deux Servantes, La Fontaine a dit :
La vieille, au lieu du coq, les fit tomber par là, De Charybde en Scylla. |
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