Académicien, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, professeur d’histoire naturelle au muséum de Paris, Georges Cuvier naquit à Montbéliard, le 23 août 1769, de parents protestants. Doué de cette intelligence hâtive, qui ne prouve rien lorsqu’elle n’est qu’un développement précoce, Cuvier savait lire avant d’avoir accompli sa troisième année. Cette facilité à apprendre pouvait ne révéler qu’un sujet ordinaire ; mais, dès ses premiers pas dans le monde, George Cuvier sut non seulement retenir, mais encore comprendre, réfléchir et méditer. Dans un âge où l’on s’occupe rarement des faits pour en tirer des conséquences, son esprit aimait à saisir des rapports et à former des combinaisons.
Georges Cuvier fut d’abord destiné à la carrière militaire par son père qui était officier dans le régiment suisse de Waldner, puis à l’état ecclésiastique qui convenait mieux à sa santé affaiblie. Une injustice d’un professeur le priva d’une bourse à l’université de Tubingen, mais la générosité du duc de Wurtemberg — le territoire de Montbéliard est rattaché au duché de Wurtemberg — lui en procura une autre dans une institution fondée à Stuttgart par ce prince. C’est là que Cuvier eut pour condisciple le célèbre Schiller.
La Révolution, le laissant sans protecteur, le trouva pauvre et sans autre ressource que ses talents ; forcé de les employer, il entra alors comme précepteur dans la maison du duc d’Héricy, en Normandie, n’ayant pour fortune que ses connaissances en histoire naturelle, son goût pour le dessin, un herbier qu’il avait formé lui-même, et une collection d’insectes.
Profitant du voisinage de la mer pour étudier ses productions, Georges Cuvier dut bientôt à son goût investigateur de nouvelles découvertes qui le mirent en relation avec plusieurs naturalistes de la capitale. Le zoologiste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) lui ouvrit les collections du Muséum d’histoire naturelle ; divers mémoires qu’il publia avec ce savant, le firent appeler aux écoles centrales et ensuite à la première classe de l’Institut. Son Tableau élémentaire de l’histoire des animaux fut publié alors pour les écoles centrales ; il fut nommé suppléant à la chaire d’anatomie comparée, puis professeur d’histoire naturelle au lycée.
C’est là que commença sa réputation comme orateur ; obligé d’exposer les détails de la science à un auditoire généralement composé d’hommes éclairés, Cuvier s’appliqua à capter leur attention par l’élégance et les grâces du discours, tandis que jusqu’alors il n’avait cherché que la clarté suffisante pour de jeunes élèves ; à cette époque aussi (1800) il fut appelé au collège de France pour succéder à Daubenton.
En 1802, on le voit au nombre des six inspecteurs généraux nommés par le Premier consul pour présider à l’établissement de lycées dans trente villes de France. Pendant ce temps, il fut nommé secrétaire perpétuel de la première classe de l’Institut. En 1808, l’Université impériale se l’attacha comme conseiller à vie. En 1809 et 1810, Cuvier organisa les académies dans la plus grande partie des provinces italiennes réunies à l’empire. En 1811, il eut pour mission d’inspecter l’état de l’instruction publique en Hollande et dans les villes hanséatiques. En 1813, il alla porter les institutions universitaires à Rome : le succès de cette mission si délicate le fit nommer maître des requêtes au Conseil d’État ; à cette occasion quelqu’un en demanda la raison à Napoléon, qui répondit : « C’est pour qu’il se repose. »
La Restauration, au mois de septembre 1814, lui conféra la dignité de conseiller d’État. En 1815, il fut appelé au Conseil royal de l’instruction publique. En 1818, membre de l’Académie française. En 1819, président de la section de l’Intérieur au Conseil d’État. En 1820, chargé en qualité de commissaire du roi de présenter à la chambre des députés la loi des élections, qui portait atteinte à la liberté électorale : depuis ce temps, il soutint à la tribune plusieurs projets de lois qui attirèrent sur les ministres l’indignation du peuple.
Sa fatale ambition politique fut portée à son comble lorsque, sur la fin de 1831, il se vit appelé à la pairie. Ce grand génie, surnommé l’Aristote du XIXe siècle, rendit le dernier soupir le dimanche 13 mai 1832 , après trois jours de souffrance due à une paralysie de l’œsophage. L’ouverture du corps de Cuvier, faite par Bérard aîné, montre combien son organe de l’intelligence était développé : le poids de son encéphale, qui était de trois livres dix onces et quatre gros et demi, surpasse de près d’une livre celui des autres personnes.
Cinq jours avant sa mort, le 8 mai, il avait repris son cours philosophique d’histoire naturelle au Collège de France, interrompu à cause des ravages du choléra. Dans cette dernière leçon, il passa en revue toutes les connaissances humaines, en les classant, les analysant ; en un mot, on le vit génie universel. Cuvier fut notamment l’un des collaborateurs du Dictionnaire des sciences médicales, du Dictionnaire des sciences naturelles, du Journal des savants et des Annales du muséum, de la Biographie universelle et de l’Analyse des travaux de la Classe des sciences mathématiques et physiques, depuis 1812.
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