C’est le jour du vote de la loi Ollivier. Cet événement ne nous parle plus beaucoup aujourd’hui. Et pourtant ! Cette loi abolit le délit de coalition. Elle ouvre donc la voie... au droit de grève !
Pourtant, il y a eu des mouvements de grève avant cette date, non ?
Oui, mais ils étaient illégaux et se terminaient souvent dans le sang. Pensez à la révolte des Canuts (les tisseurs de soie) à Lyon en 1831. Précisons tout de même que cette loi n’instaure pas encore tout à fait le droit de grève ; elle le dépénalise simplement. Ce qui ne l’empêche pas de punir ceux qui, je cite « à l’aide de violences, voies de fait, manœuvres frauduleuses, tenteraient d’amener ou de maintenir une cessation concertée de travail, dans le but de forcer la hausse ou la baisse des salaires ou de porter atteinte au libre exercice de l’industrie ou du travail ».
Révolte des canuts : le 9 avril 1834, pendant le procès de tisseurs accusés de coalition et de grève, des coups de feu sont tirés sur la foule et engendrent une semaine de combats encore plus meurtriers |
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La loi reste ambigüe quand même
Que croyiez-vous ? Mais en l’état, c’est déjà un grand pas, encouragé d’ailleurs par Napoléon III en personne. Nous sommes en pleine révolution industrielle. Les ouvriers commencent à s’organiser et représentent une part considérable du facteur travail. Il faut faire baisser les tensions, lâcher du lest. On est dans la deuxième partie du règne, celle de « l’Empire libéral ». Après une première décennie de règne autoritaire, Napoléon III a choisi de faire de concessions aux libéraux (le sens de ce mot libéral a beaucoup évolué depuis un siècle et demi).
Il existe des syndicats à l’époque ?
Pas encore. Il faudra attendre pour cela la loi Waldeck-Rousseau, 20 ans plus tard. Enfin, en 1946, le droit de grève sera inscrit dans le préambule de la Constitution, donc consacré. Aujourd’hui, la notion de grève fait partie de notre quotidien, pour le meilleur et pour le pire — enfin, ça, c’est une autre histoire...
Franck Ferrand
Europe 1
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