C’est moi, moi qui l’ai fait ! (VIRGILE, Énéide, liv. IX, v. 427)
C’est un passage du célèbre épisode de Nisus et Euryale, chef-d’œuvre de pathétique, où tous les genres de beautés poétiques sont réunis. L’intrépide Nisus, et Euryale, le plus beau de l’armée troyenne, unis par l’amitié la plus tendre, compagnons de périls et de gloire, veulent tenter ensemble quelque chose d’héroïque ; ils pénètrent pendant la nuit dans le camp des Rutules, massacrent un grand nombre de guerriers ensevelis dans le sommeil de l’ivresse, et s’apprêtent à revenir sur leurs pas.
Mais le jour paraît, et un chef rutule, Volcens, à la tête de trois cents cavaliers, surprend Euryale. Nisus, caché dans l’ombre, lance deux flèches qui vont donner la mort à deux guerriers rutules, mais à la vue de Volcens ; levant son épée sur Euryale, il s’élance de sa retraite en criant : « Me voilà, c’est moi qui ai tout fait : Me, me adsum qui feci ; tournez vos armes contre moi !... » Déjà le fer a tranché les jours d’Euryale. Nisus se précipite au milieu des ennemis, il ne cherche que Volcens, le tue, et, percé lui-même de mille traits, va tomber et mourir sur le corps de son ami.
« Je ne souffrirai pas qu’on vous pende pour moi, et je suis toujours prêt à vous crier : Me, me adsum qui feci. Je déclarerai, quand vous voudrez, que moi tout seul j’ai fait la fatale tache, et que je n’ai point eu de complices. » (Paul-Louis COURIER)
« Ce mensonge cruel du fabricant qui n’a pas fabriqué, de l’inventeur qui n’a pas inventé, attriste pour moi en grande partie tout l’intérêt de l’exposition. Comme on serait heureux de rencontrer derrière ces riches productions l’ouvrier intelligent qui les a faites : Me, me adsum qui feci. » (Jules JANIN)
« N’y a-t-il pas dans cette manière de traiter, une lacune regrettable ? Vous, Europe, vous traitez de la Roumanie, mais avec qui ? Avec la Roumanie ? Non, entre vous ! Eh bien, qu’arrive-t-il ? C’est que la peuple dont vous avez traité veut à son tour, lui aussi, être entendu ; il fait parler les évènements : Me, me adum qui feci ; me voilà, dit-il ; c’est moi, moi dont il s’agit, moi qui seul n’ai pas été appelé à donner ma signature à votre œuvre, et qui la donne. » (Léon PLÉE)
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