L’esprit meut la matière (VIRGILE, Énéide, liv. VI, v. 727)
Dieu est l’âme du monde : répandue dans la terre, dans le soleil, dans la lune et les autres globes célestes, cette âme universelle donne la vie et le mouvement au monde : Mens agitat molem. Cette expression, par laquelle Virgile distingue la substance spirituelle de la substance matérielle, sert à désigner tout ce qui marque l’empire de l’esprit sur la matière et la suprématie de la pensée, de l’intelligence et du génie. Les juges de la maréchale d’Ancre, Léonora Galigaï, lui ayant demandé par quel sortilège elle exerçait tant d’influence sur Marie de Médicis : « Par l’ascendant d’une âme forte sur une balourde », répondit-elle.
Dans Télémaque, Fénelon explique ainsi le vers de Virgile : « L’âme universelle du monde est comme un grand océan de lumière : nos esprits sont comme de petits ruisseaux qui en sortent et qui y retournent pour s’y perdre. »
« Dans toute assemblée humaine, il se forme un esprit général qui domine et meut la masse : Mens agitat molem. » (BAUTAIN, Philosophie morale)
« Le poète, riche de ses illusions, n’est jamais seul dans la nature. Pour lui, le mens agitat molem, l’esprit animant la masse entière est pris au sérieux. » (LEPELLETIER)
« Il me semble que l’existence et la marche des gouvernements ne peuvent s’expliquer par des moyens humains, pas plus que le mouvement des corps par des moyens mécaniques : Mens agitat molem. » (Joseph DE MAISTRE)
« Vous voyez donc bien qu’une providence très sage a combiné entre eux les éléments pour les besoins des végétaux et des animaux. Elle échappe à nos sens corporels, mais elle s’y manifeste par ses bienfaits : Mens agitat molem, l’esprit modifie la matière. » (BERNARDIN DE SAINT-PIERRE)
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