Rien n’est impossible aux mortels (HORACE, liv. I, ode III, v. 27)
Dirigée contre le génie audacieux de l’homme, cette ode est une gracieuse et touchante boutade. On sait quelle amitié unissait Virgile et Horace : Virgile allait partir pour Athènes, Virgile qu’Horace appelle animae dimidium meae, la moitié de ma vie, et, après lui avoir souhaité une heureuse navigation, Horace maudit celui qui le premier construisit un vaisseau.
L’épicurisme et l’indifférence philosophique du poète éclatent dans cette ode si riche en beaux vers ; il s’élève contre les généreuses tentatives de Dédale, d’Hercule et du premier navigateur, et, remontant jusqu’au larcin de Prométhée, il renouvelle l’anathème antique contre ce bienfaiteur de l’humanité. Par suite d’un préjugé fondé sur la tradition de l’âge d’or, de cet âge d’innocence et de simplicité, où l’homme n’avait aucun besoin, les Anciens regardaient comme la source de tous nos vices et de tous nos maux les découvertes qui ont contribué aux progrès de l’humanité.
Il semble qu’un pressentiment inspirait à Horace cette éloquente indignation contre les voyages ; son ami ne devait plus revoir Rome ; il mourut à son retour, quelques jours après avoir débarqué à Brindes.
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.