Je ne mourrai pas tout entier
Jugement d’Horace (ode XXIV, liv. III, vers 6) sur lui-même ; la postérité l’a ratifié.
Corneille s’est souvenu de la belle expression d’Horace quand il a mis les vers suivants dans la bouche d’Émilie (Cinna, Acte I, scène III) :
Regarde le malheur de Brute et de Sassie, La splendeur de leur nom en est-elle obscurcie ? Sont-ils morts tout entiers avec leurs grands desseins ? Ne les compte-t-on pas plus pour les derniers Romains ? |
Racine emprunte avec le même bonheur la pensée du poète latin quand il fait dire à Achille :
Voudrais-je, de la terre inutile fardeau, Trop avare d’un sang reçu d’une déesse, Attendre chez mon père une obscure vieillesse ; Et toujours de la gloire évitant le sentier, Ne laisser aucun nom et mourir tout entier ? |
« Sans l’aide de la révélation, on ne peut espérer que la raison purement humaine soit en état de former des conjectures précises et raisonnables sur la destination de l’âme quand elle est séparée du corps ; mais la croyance qu’il existe une telle essence indestructible, la croyance exprimée par le poète dans un sens différent, non omnis moriar, doit faire présumer l’existence de plusieurs millions d’esprits qui n’ont pas été anéantis, quoiqu’ils soient devenus invisibles pour les mortels. » (Walter SCOTT, La Démonologie)
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