LA FRANCE PITTORESQUE
Non passibus aequis
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Publié le mercredi 22 juin 2016, par Redaction
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D’un pas inégal (VIRGILE, Énéide, liv. II, vers 724)
 

« Le jeune Iule prend ma main et me suit d’un pas inégal. » Énée touche à la fin de son récit ; il est arrivé au moment où, fuyant Troie en flammes, il emmène avec lui son père, sa femme et son fils Iule. Cette peinture du petit Ascagne, suivant d’un pas inégal la marche de son père, est remarquable par le naturel et la naïveté.

La critique et même la plaisanterie ont attaqué ce passage, comme le prouve la strophe suivante de J.-B. Rousseau, en parlant de Didon qu’Énée abandonnera plus tard :

Pouvait-elle mieux attendre
De ce pieux voyageur,
Qui fuyant la ville en cendre
Et le fer du Grec vengeur,
Quitte les murs de Pergame,
Tenant son fils par la main,
Sans s’inquiéter de sa femme
Qui se perdit en chemin ?

Dans quelques citations au lieu de non on trouve haud ; le sens est le même.

« Pour la masse du public d’outre-Rhin, le médecin Haller n’est toujours qu’un poète. A sa suite une foule de médecins allemands se lancèrent, non passibus aequis dans la carrière poétique. » (L. PEISSE)

« Les jours et les nuits du duc se passaient à la table de jeu, dont il corrigeait habilement les chances, s’il faut en croire Schweinichen. Trois ou quatre cents ducats par séance étaient le résultat et le trophée de ses travaux. Hans lui-même marchait sur les pas de son général, haud passibus aequis, mais enfin avec gloire. » (Philarète CHASLES, Études sur l’Allemagne)

« Nous commencions un chemin sur lequel je pouvais marcher avec vous d’un pas égal, passibus aequis, la retraite, la campagne, les arbres, ces grands précepteurs de l’âme, les ondes murmurantes, ces douces endormeuses de douleurs. » (Alphonse KARR, Promenades hors de mon jardin)

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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