O la campagne ! (VIRGILE, Géorgiques, liv. II, vers 486)
O ubi campi, Sperchiusque et virginibus bacchata lacaenis Taygeta ! O, qui me gelidia in vallibus Haemi Sistat et ingenti ramorum protegat umbra ! |
« O campagnes fortunées qu’arrose le Sperchius, montagnes du Taygète, foulées en cadence par les vierges de Sparte, fraîches vallées de l’Hémus, qui me transportera sur vos rives et me couvrira de l’ombre épaisse de vos bois ! »
L’épître de Boileau à Lamoignon sur les plaisirs des champs, est souvent citée comme modèle. La campagne sans doute a du charme pour Boileau, mais elle ne le touche pas aussi profondément qu’Horace et Virgile, qu’il a imités.
O fortuné séjour ! ô champs aimés des dieux ! Que pour jamais, foulant vos prés délicieux, Ne puis-je ici fixer ma course vagabonde, Et, connu de vous seuls, oublier tout le monde ! |
Combien ces vers sont moins touchants que ceux de Virgile ! Il n’y avait alors que le bon La Fontaine assez épris des champs pour parler de la solitude avec une émotion qui rappelle Horace et Virgile :
Solitude, où je trouve une douceur secrète, Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit goûter l’ombre et le frais ! Oh ! qui m’arrêtera sous vos nombreux asiles !
|