C’est l’âme qui fait l’éloquence
Ce précepte de Quintilien a été éloquemment traduit par Vauvenargues : les grandes pensées viennent du cœur. On ne saurait trop le répéter, le cœur est le siège, le foyer de l’éloquence. Malheur à l’orateur qui manque de sensibilité ; il pourra feindre la douleur et mettre sur son visage le masque de la tristesse ; mais on ne verra point couler de ses yeux ces larmes réelles et sincères, et par là même toujours victorieuses, qu’on demande au véritable orateur. Celui qui n’est pas sensible et se croit éloquent, se trompe étrangement : il n’est qu’un vain et froid déclamateur. Cette belle pensée de Quintilien n’est au fond que le si vis me flere du poète.
« Les connaissances et les lumières ne sont rien si elles ne contribuent au bien-être de la société ; la gloire qu’elles obtiennent n’est rien, si elles ne nous procurent une félicité durable ; les sciences sont méprisables lorsqu’elles sont stériles ; elles sont détestables quand elles contredisent la vraie morale, qui, de toutes les sciences, nous intéresse le plus : Pectus est quod disertos facit. » (D’HOLBACH)
« Il y a dans l’expression des mœurs oratoires, des délicatesses et des mystères de langage qui ne peuvent être révélés à l’orateur que par son coeur, et que n’enseignent point les préceptes de rhétorique : Pectus est quod disertos facit. » (CHATEAUBRIAND)
« Avant-d’aller plus loin, arrêtons-nous un moment pour remarquer ce que c’est que la véritable éloquence, celle qui vient de l’âme : Pectus est quod disertum facit. Cette expression simple et franche d’un grand et beau sentiment de citoyen, n’a-t-elle pas déjà fait tomber toutes les arguties d’Eschine ? » (LA HARPE, Examen du discours de Démosthène pour la Couronne)
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