LA FRANCE PITTORESQUE
Similia similibus curantur
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Publié le lundi 11 juillet 2016, par Redaction
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Les semblables se guérissent par les semblables
 

Depuis longtemps on disait : Qui se ressemble s’assemble, et la vérité de ce proverbe tiré du latin similis simili gaudet (le semblable aime le semblable) est incontestable. On ne peut en dire autant de cette proposition mise en avant par une école dont l’existence n’est pas encore très ancienne : Similia similibus curantur. Tel est le drapeau de l’homéopathie.

« Se mettre nu pour se garder du froid, se couvrir de fourrures contre la chaleur, se jeter au feu pour se guérir d’une brûlure, ce procédé de Gribouille, élevé à la hauteur d’une théorie, voilà le système des homéopathes. Un homme a la fièvre ; le remède est indiqué ; il faut lui administrer ce qui la lui donnerait s’il ne l’avait pas : Similia similibus. » (L. REYNAUD, Jérôme Paturot)

« C’est l’homéopathie appliquée aux choses morales ; similia similibus. Supposez, par exemple, un homme emporté ; si l’on se contente de lui faire ressortir philosophiquement les inconvénients de sa colère, il ne sera que plus furieux et s’irritera contre le pacifique sermon qu’on lui fera subir ; mais si quelqu’un s’avise de lui tenir tête, criant quand il crie, brisant quand il brise, vous le verrez s’adoucir peu à peu, et au bout de quelques jours de ce régime, il deviendra doux comme un mouton. » (Gustave CHADEUIL)

« Ces jours derniers, un chien enragé répandit la terreur dans une maison de la rue Saint-Honoré. Cet animal mordit d’abord, au premier étage, un rentier qui remontait ses pendules, et, au troisième, un employé qui fêtait la mort de son chef de bureau par un repas copieux. Ces deux victimes de l’hydrophobie ayant quitté leur appartement, entreprirent dans la maison une course désordonnée, au grand effroi des locataires, et, par un hasard providentiel, parvinrent à se rencontrer, se ruèrent l’un sur l’autre, se mordirent réciproquement, et, en vertu de l’axiome similia similibus curantur, furent immédiatement guéris. » (Le Tintamarre)

« La vieille médecine s’appliquait à rechercher et à écarter les causes des maladies. Tolle causam (Détruisez la cause), s’écriait-elle ; et pour détruire les causes du mal, elle procédait d’après cet axiome : Contraria contrariis curantur (VOIR cette locution). D’après ce principe, plus meurtrier, plus funeste que les boulets ramés et les fusées à la Congrève, elle combattait les irritations par des calmants, et les inflammations par les saignées, raisonnant comme un homme qui, voyant sa maison brûler, s’aviserait de jeter de l’eau sur la flamme. Nous autres, nous avons changé tout cela ; nous disons : Similia similibus ; nous irritons les irritations, nous enflammons les inflammations ; pour le guérir, nous doublons le mal, nous le poussons à bout, nous l’aiguillonnons, nous l’exaspérons. » (Jules SANDEAU, Le Docteur Herbeau)

« Ces pauvres médecins de fantaisie, victimes de la méprise d’Hahnemann, auraient pu se voir traquer comme des bêtes fauves, au lieu de gagner cent mille francs de rente. Ils aimeraient mieux les cent mille francs de rente, et voici ce qu’ils ont imaginé. Ils ont écrit sur l’enseigne de leur boutique le célèbre similia similibus. C’est latin, c’est joli, c’est harmonieux, c’est nouveau et paradoxal. » (E. ABOUT, Lettres d’un bon jeune homme)

« MADAME CHARLOT. C’est moi, madame ; je viens pour le papier, vous savez... SÉRAPHINE. Ma chère madame Charlot, vous voyez une femme au désespoir ; je ne me trouve pas en mesure de vous payer aujourd’hui. : je me vois donc dans l’obligation ou de vous renouveler mon billet... MADAME CHARLOT. Passons à autre chose. SÉRAPHINE. Ou de vous prier d’accepter en échange de ce que je vous dois les fournitures mêmes que vous m’avez faites. MADAME CHARLOT. Similia similibus ! de l’homéopathie, c’est bon pour le corps, mais pas pour la poche... je n’en use pas. » (Émile AUGIER, Les Lionnes pauvres)

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