Réformez votre cheval qui vieillit
Horace (liv. I. ép. I, v. 8) donne ce conseil non seulement aux écrivains, mais encore à tous ceux que l’âge avertit de songer à la retraite : Solve senescentem mature sanus equum, ne peccet ad extremum ridendus et ilia ducat (Réformez à temps votre cheval qui vieillit, si vous ne voulez que, poussif et exténué, il ne fasse rire à vos dépens).
« Il y a longtemps que je crie à mon pauvre ami Duni, solve senescentem. Il devrait se reposer, renoncer au métier, et céder la carrière à Philidor et à Grétry. » (GRIMM, Correspondance littéraire)
« Je sens tout ce qui manque à la pièce, et je me dis : Solve senescentem. » (VOLTAIRE, Lettre à M. de Cideville)
« J’ai vu l’Ode de Rousseau ; elle n’est pas plus mauvaise que ses trois épîtres, Solve senescentem mature sanus equum... Apollon lui a ôté le talent de la poésie comme on dégrade un prêtre avant de le livrer au bras séculier. » (VOLTAIRE, Lettre à M. Thiriot)
« Si un autre Corneille faisait, dans sa décrépitude, représenter Agésilas, on lui cirerait : Solve senescentem. » (CORMENIN)
« La mauvaise réception que le public a faite à cet ouvrage m’avertit qu’il est temps que je sonne la retraite, et que des préceptes de mon Horace je ne songe plus qu’à pratiquer celui-ci : Solve senescentem mature sanus eqqum, ne peccet ad extremum ridendus et ilia ducat. » (CORNEILLE, Préface de Pulchérie)
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.