LA FRANCE PITTORESQUE
Papetier Canson (Le)
en passe de devenir italien
(Source : Ouest France)
Publié le mardi 19 juillet 2016, par Redaction
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La célèbre papeterie française pourrait bientôt changer de nationalité. Le groupe italien Fila souhaite la racheter.
 

Il est connu des petits comme des grands. En France, tous les écoliers et tous les artistes (en herbe ou confirmés) l’ont utilisé au moins une fois dans leur vie. On dessine dessus, on le découpe, on le transforme, mais toujours avec le plus grand soin. Entre les Français et le Canson, c’est une longue histoire d’amour.

Pourtant, la célèbre marque de papeterie s’apprête à changer de propriétaire. L’italien Fila (Fabbrica italiana lapis ed affini), spécialisé dans la fabrication de crayons de couleur, de feutres et de peinture, s’est porté acquéreur. Il pourrait ainsi s’emparer, dans les prochains mois, d’un petit bout de patrimoine français. Le groupe, côté à la Bourse de Milan, a récemment présenté son projet de reprise, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire. S’il parvient à ses fins, Fila pourrait s’imposer comme leader du secteur Beaux-arts.

Une histoire de famille
Ce changement de propriétaire pourrait mettre fin à une histoire, 100% française, vieille de près d’un demi-millénaire. Fondée en 1557, dans le petit hameau de Vidalon (devenu un quartier d’Annonay en Ardèche), la manufacture de papier est devenue une véritable histoire de famille. Celle des Montgolfier.

Pendant des siècles, la famille a créé de nombreuses papeteries et s’est développée sur l’ensemble du territoire. Elle est même à l’origine d’une révolution scientifique. En 1782, les frères Joseph et Etienne ont fait voler un sac de papier : la Montgolfière.

Le papier devient Canson
A la mort d’Etienne de Montgolfier, en 1799, son gendre, Barthélemy Barou de la Lombardière de Canson, prend sa succession. Et donne son nom au Canson. Les plus grands artistes, de Jean Auguste Dominique Ingres, à Edgar Degas, en passant par Pablo Picasso et Marc Chagall, y ont fait appel pour leurs créations.

La célèbre pochette
Au fils des ans, Canson a signé de nombreuses innovations, avec le papier-calque notamment. La plus visible reste sans conteste, sa pochette de douze feuilles, mise au point en 1947. Celle-ci s’est retrouvée, des décennies durant, dans tous les cartables ou presque.

En 1926, le Français se lance Outre-Atlantique, avec sa filiale Canson et Montgolfier Incorporated. Désormais, la papeterie en a sur tous les continents. « Canson est le leader mondial du marché des papiers Beaux-Arts, un acteur majeur des produits de conservation, des papiers à dessin scolaire et loisir, ainsi que des supports d’impression techniques et numériques », indique la marque sur son site.

En 2007, les papeteries rejoignent le groupe Hamelin. Basé à Caen (Calvados), ce leader européen des produits scolaires et de bureau, détient également Oxford et Elba. En 2015, le siège social de Canson est transféré à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen.

Au revoir Hamelin
Une page de l’histoire de Canson est pourtant sur le point de se tourner. Hamelin, en restructuration, souhaite s’en séparer. « Ce projet est en ligne avec notre plan stratégique de se concentrer sur notre cœur de métier de fournitures scolaires et de bureau et de consacrer nos ressources sur le développement de nos deux marques mondiales d’Oxford et Elba. Nous avons été convaincus par le projet ambitieux de Fila de créer un leader mondial Art & Craft. Ce projet offre une occasion fantastique de croissance pour Canson en France et dans le reste du monde », a indiqué Eric Joan, PDG de Hamelin, dans un communiqué.

Début janvier, un plan de départ volontaire avait été mis en place.
Avec le rachat, l’ensemble des 261 salariés devrait être gardé. Fila espère parvenir à un accord avant d’ici octobre.

L’appétit de Fila
« L’entreprise italienne qui chaque jour, depuis près de 100 ans, stimule la créativité de générations d’enfants, rassure les parents et les enseignants avec des produits sûrs et de qualité, offre aux artistes et aux designers les meilleurs outils pour exprimer leur talent » — comme le décrit le PDG de Fila, Massimo Candela — a un appétit d’ogre. Début 2016, l’Italien a déjà acquis l’anglais Daler-Rowney pour 80,8 millions d’euros. Il s’intéresse désormais de près au savoir-faire français.

Fondé en 1920 à Florence, le groupe Fila possède plusieurs marques dont les crayons de couleurs Giotto. En 2015, le groupe a enregistré 275 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Toinon Debenne
Ouest France

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