Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu
César était maître du monde ; la victoire de Pharsale et la mort de Pompée lui assuraient le pouvoir sans partage. Un des fils de Mithridate, Pharnace, essaye de rallumer la guerre en Asie. Cémar marche contre lui, l’écrase en une seule bataille et annonce sa victoire par ces mots célèbres qui en peignent la promptitude et la facilité : Veni, vidi, vici.
Dans Bérénice, Racine fait dire à Antiochus : Titus, pour mon malheur, vint, vous vit et vous plut. Racine, dans une autre circonstance, fut plus heureusement inspiré par le veni, vidi, vici. Le roi d’Angleterre, Guillaume III, avait été battu à Senef, à Steinkerque et à Nerwinde, l’auteur de Bérénice fit à son adresse l’épigramme suivante :
Si César vint, vit et vainquit, Guillaume vint et vit de même, C’est un vrai César en petit : Des trois choses que César fit, Il ne manque que la troisième. |
Lorsque Julien renvoya aux évêques le traité de Diodore de Tarse, en faveur du christianisme, avec ces trois mots : anegnôn, egnôn, categnôn : j’ai lu, j’ai compris, j’ai condamné ; il rappelait mal le veni, vidi, vici de César.
« Le philosophisme n’a plus de plaintes à faire : toutes les chances humaines sont en sa faveur ; on fait tout pour lui et tout contre sa rivale. S’il est vainqueur, il peut dire comme César : Veni, vidi, vici ; il peut battre des mains et s’asseoir fièrement sur une croix renversée. » (Joseph DE MAISTRE)
« Je l’ai vue, cette femme, et j’en suis encore tout ébloui, tant c’était là une beauté surnaturelle, beauté plutôt digne de Proserpine que de Junon ; je l’ai vue, un soir, pénétrer, les portes fermées, dans une réunion des hommes les plus respectables de la cité. Chacun l’accusait, les uns par leur parole, les autres par leur silence... Elle arrive, et d’un regard la victoire est à elle ! Non, Jules César n’a pas triomphé plus vite quand il a dit : Veni, vidi, vici ! » (Jules JANIN)
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