Je vois le bien, je l’aime et je le fais mal
Ces paroles qu’Ovide met dans la bouche de Médée (7e livre des Métamorphoses), peignent admirablement l’homme à qui son Intelligence droite montre le chemin du devoir et de la vérité, mais que sa faiblesse et l’appât du plaisir entraînent néanmoins vers le mal.
Saint Paul a exprimé la même idée, presque dans les mêmes termes (Epître aux Romains, ch. VII), et Racine, dans un de ses cantiques, a imité le passage de saint Paul :
Je veux et n’accomplis jamais, Je veux, mais ô misère extrême, Je ne fais pas le bien que j’aime, Et je fais le mal que je hais. |
On chantait un jour le cantique de Racine devant Louis XIV. Celui-ci se retourna vers madame de Maintenon, et dit : Madame, voilà deux hommes que je connais bien.
« Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi vais-je plus loin ? Pourquoi vous ai-je quittés, mes chers anges ? Vous n’êtes point mes gardiens, puisque me voilà livré au démon des voyages : Video meliora proboque, deteriora sequor. » (VOLTAIRE, Lettre à M. d’Argental)
« La conduite du genre humain est un bien pâle reflet de la croyance, quand la croyance est difficile à pratiquer : Video meliora proboque, deteriora sequor. » (Victor COUSIN)
« A ma grande surprise, après avoir vaillamment dîné, le chimiste alluma un cigare et se fit servir du café. — Vous buvez d’un pareil poison ? — Mon ami, répliqua-t-il en mirant sa tasse, savez-vous rien de plus despotique que l’habitude, cette seconde nature, si ce n’est la nature elle-même, comme disait Montaigne ? Je vois le bien, je fais le mal ; c’était déjà la coutume du temps d’Ovide : Video meliora proboque, deteriora sequor. Et puis l’exemple de Mithridate n’est-il pas là ? Comme lui, je m’empoisonne lentement et je m’habitue au poison. » (SAM)
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