Elle acquiert des forces dans sa course
Virgile (Énéide, liv. IV, v. 175) fait le portrait de la Renommée : « Sa vie est dans sa mobilité ; elle acquiert des forces dans sa course : d’abord faible et timide, bientôt s’élevant dans les airs, son pied touche la terre et son front se cache dans la nue. »
De la renommée à la calomnie, il n’y a qu’un pas, et Beaumarchais s’est sans doute souvenu du vires acquirit eundo, dans ce passage célèbre du Barbier de Séville : « La calomnie, monsieur ?... D’abord un bruit léger, rasant le sol de la terre, comme l’hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné ; telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil. Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. »
Quand Pierre le Grand vint à Paris, il visita l’hôtel des Monnaies ; on frappa en sa présence une médaille dont la légende était une allusion au résultat fécond de ses voyages : Vires acquirit eundo.
« Ce n’était plus un mot ni une phrase qu’on me reprochait, mais tout un long discours, mais toute une série de leçons, mais... mais... mais... On allait presque jusqu’à me reprocher mon enseignement, tant est vrai le vires acquirit eundo. » (Gatien ARNOULT, Doctrine philosophique)
« Un principe, c’est une force qui marche comme un conquérant : Vires acquirit eundo. Une fois qu’une idée est déposée dans l’âme humaine, elle germe, elle se développe, elle s’accroît chaque jour, et finit par s’élever jusqu’aux cieux. » (Pierre LEROUX)
« C’est avec plaisir que l’on voit l’histoire devenir progressivement plus ample, plus circonstanciée, s’enrichir de détails et prendre de l’intérêt à mesure qu’elle s’approche de nous : Vires acquirit eundo. »(KELLER)
« Quiconque lira les Questions de mon temps, fera cette remarque que M. de Girardin n’a pas été un enfant gâté de la nature ; ce n’est pas le don inné, c’est le travail qui l’a fait ce qu’il est. Ses premières pages portent les traces de tâtonnements et d’hésitations, qui disparaissent de plus en plus à mesure qu’on avance dans la lecture de son œuvre. Son style, faible d’abord, prend de la vigueur en marchant : Vires acquirit eundo. » (Edmond TEXIER)
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.