Nichée au cœur du parc de Saint-Cloud, la manufacture de Sèvres est un temple de l’artisanat. On y fabrique les plus belles céramiques d’Europe. Depuis 1740, des générations de céramistes d’art y perpétuent un savoir-faire unique.
Pour fabriquer de la porcelaine, il faut trois ingrédients : le kaolin, c’est l’argile, pour la forme et la blancheur ; le quartz, pour la translucidité et la vitrification de la porcelaine ; le feldspath, qui permet d’abaisser la température de cuisson du mélange. Dans les ateliers de la manufacture, 120 céramistes d’art perpétuent un savoir-faire de génération en génération depuis trois siècles. On dit qu’il faut trois ans pour acquérir le bon geste, sept ans pour être tout à fait à l’aise avec.
Manufacture de Sèvres. Dessin d’Achille-Etna Michallon (1817) |
|
Derrière les fenêtres de la manufacture, se côtoient les calibreurs d’assiettes et les tourneurs. Ils manient avec habileté le tournassin, cet outil tranchant. Quelques pas plus loin, on découvre les garnisseurs-découpeurs dont la patience ne cesse d’étonner. Dans chaque atelier, des gestes précis, millimétrés, au service de matières nobles. Aucun mouvement, aucune parole superflue. La concentration est maximale tant chaque pièce est précieuse.
Céramique émaillée, décorée à la main et dorée à l’or fin. Peints à brosse de blaireau, les bleus de Sèvres aux infinies nuances demeurent le symbole de la manufacture. Autre concession à notre époque, les recherches des ingénieurs chimistes. Ils testent les pâtes, les encres et les couleurs. On compte plus de mille pigments, poudres, métaux précieux et glaçures. Toutes les formules sont retranscrites dans de vieux carnets. Car on ne jette rien ici : ni les formules chimiques, ni les esquisses ou les dessins édités depuis la création de la maison.
Tasse et soucoupe Litron en porcelaine de Sèvres (1779) |
|
On compte cent mille moules orignaux en plâtre, conservés dans la mémoire de cette institution, au nom évocateur, le magot. Les œuvres démoulées sont si délicates, que dès 1752, on les laisse nues, sans émaillage. Le biscuit de Sèvres naît, et sa blancheur rivalise même avec le marbre. Ainsi se transmettent les savoir-faire de cette institution publique créée par la volonté de Louis XV et de Madame de Pompadour il y a 277 ans.
Site Internet : http://www.sevresciteceramique.fr
France 24
Accédez à l’article source
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.