LA FRANCE PITTORESQUE
Huiles essentielles de Corse
(Source : France 3 Corse ViaStella)
Publié le jeudi 26 juillet 2018, par Redaction
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Le secteur est en pleine croissance : la production et la vente des huiles essentielles. Alimentation, parfumerie ou thérapie, les usages sont nombreux. La Corse compte une cinquantaine de petits producteurs.
 

Direction Erbalunga à la rencontre d’un couple qui a tout abandonné pour produire des huiles essentielles. Il y a quatre ans, Laurent Filippi était employé comme cordiste pour purger les falaises. Son épouse Hélène, était commerciale à Martigues. Le couple a tout laissé derrière lui pour revenir au village, à Erbalunga (Haute-Corse).

« Il y a toujours une crainte bien sûr, surtout que l’on avait une vie confortable, mais comme on dit : Ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur ; nous on voulait revenir ici, vivre dans la nature, en Corse », explique Laurent Filippi. Dans sa vie personnelle, Hélène a toujours utilisé les huiles essentielles. Devenue productrice à son tour, elle réalise toutes les étapes. « C’est ce qui me plait le plus dans le fait de cueillir et distiller, c’est que le matin vous cueillez, l’après-midi vous distillez et en fin de journée vous avez votre huile essentielle. Et ça c’est hyper valorisant ».

L'immortelle

L’immortelle

Depuis 25 ans, comme partout dans le monde ce secteur enregistre un développement important. La filière reste très artisanale sur l’île qui compte une cinquantaine de très petites entreprises. Bien installées sur le marché insulaire, certaines de ces TPE envisagent de faire de l’export.

L’immortelle reste l’une des productions locales les plus prisées, mais d’autres essences sont cueillies ou cultivées, comme la rose de Damas. La fleur doit être cueillie au mois de mai, en peu de temps et très tôt le matin. Sur la même exploitation, on trouve les plantations les plus en vue de la cosmétique : romarin ou verveine, plantes emblématiques dans l’histoire des huiles essentielles, mais plus original, se trouve aussi du Souci ou du Kumquat. Toutes ces cultures ont un seul but, éviter la pénurie des matières premières.

« On ne sait jamais quel sera le rendement, la quantité finale d’huile essentielle que l’on a puisque cela va dépendre de la météo ; parfois on a beaucoup d’huile essentielle dans une plante, parfois un peu moins », explique Sophia Keyserlingk, gérante d’une distillerie à San Nicolao.

Les huiles essentielles sont utilisées de plus en plus dans le secteur de la cosmétique. Au niveau thérapeutique elles ont aussi fait leurs preuves depuis longtemps, pourtant, et c’est un paradoxe, elles sont encore très peu utilisées dans le milieu médical. En Corse, comme ailleurs, rares sont les pharmacies qui proposent une gamme complète de ces produits.

Le myrte

Le myrte

« Aujourd’hui l’efficacité des huiles essentielles est démontrée scientifiquement et apporte une réponse naturelle à de nombreux patients sur différentes pathologies, que ce soit des pathologies ostéo-articulaires, de l’arthrose, des tendinites, des troubles du sommeil ou même des piqûres d’insectes ou de méduses », indique Sylvia Lévy, pharmacienne à Bastia.

L’Université de Corse s’est spécialisée depuis 25 ans sur l’étude des huiles essentielles, de leurs qualités et de leurs vertus. Après l’Immortelle, ces recherches concernent d’autres plantes, comme la menthe sauvage sous-espèce insularis. Ses propriétés sont tellement remarquables qu’elle suscite l’intérêt des Japonais. « Lorsqu’ils ont vu que l’on avait publié cette molécule, ils en voulaient un kilo. On n’a pas pu leur fournir cette molécule, on voulait d’abord essayer de valider toutes les propriétés antibactériennes, antifongiques », explique Félix Tomi, professeur en chimie à l’Université de Corse — CNRS.

Le travail mené sur les huiles essentielles participe à la notoriété de l’université de Corse. Une nouvelle filière y a vu le jour, celle des cosmétiques insulaires. Et parmi les étudiants, un est devenu un parfumeur dont les fragrances, très complexes, ont déjà décroché plusieurs prix.

Les scandales sanitaires autour de certains cosmétiques et médicaments ont accentué l’intérêt pour les alternatives naturelles. En plaine orientale et à Sainte-Lucie de Porto-Vecchio, une association propose de découvrir, et d’utiliser les plantes à bon escient. Les feuilles du lentisque pistachier sont utilisées pour améliorer la circulation sanguine. L’immortelle, elle, sert notamment à traiter les hématomes. Un savoir détenu par les anciennes générations et qui tend à disparaître.

Les adhérents de cette association souhaitent se le réapproprier. « C’est sympa d’être dans la transmission. On peut apprendre dans les livres, mais j’aimais bien l’idée d’échanger avec quelqu’un qui s’y connaît vraiment, qui travaille ces plantes depuis longtemps », explique l’une d’entre eux. Que ce soit pour les fleurs ou les feuilles des arbustes, la cueillette elle-même nécessite une certaine expertise.

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