En 1886, le journal Le Figaro rappelait à ses lecteurs l’origine de Thanksgiving, fête américaine alors religieuse et très peu connue chez nous, se déroulant le quatrième jeudi de novembre et dont l’origine remonte au XVIIe siècle même si elle ne fut décrétée qu’en 1789 au niveau national
Aujourd’hui, dernier jeudi de novembre, rapporte Le Figaro du 25 novembre 1886, les Américains célèbrent leur Thanksgiving-day, c’est-à-dire rendent grâce au Seigneur pour les bienfaits de l’année. Ce jour de fête est religieusement observé en Amérique ; il n’est pas d’établissement public ou privé, de maison de commerce, etc., qui reste ouvert.
Il n’y a pas de business qui tienne : chacun reste chez soi, et, le soir, on dîne en famille et on dîne copieusement : le menu se compose d’une dinde superbe, qu’on a fortement engraissée pendant des mois, et qui paraît à table dans toute sa rotondité, bien farcie dans ses coins et recoins. Viennent ensuite : un pâté d’huîtres, une salade de homard ou de poulet, des tartes aux citrouilles, des mince-pies et un plum-pudding monstre, le tout arrosé d’eau glacée, ou de thé et de café au lait qu’on verse pendant toute la durée du repas.
Le premier Thanksgiving. Peinture de Jean-Léon Gérôme Ferris (1863-1930) réalisée vers 1915 |
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Depuis le fermier de l’Ouest jusqu’au millionnaire de la cinquième Avenue, ce dîner est religieusement servi dans chaque home du nouveau continent. Tous les ans, le Président de la République, et, après lui, les gouverneurs, les maires, les pasteurs, les chefs de famille, lancent une proclamation par laquelle les citoyens sont, en termes éloquents, invités à observer comme il convient le grand jour.
Peu de gens cependant, même en Amérique, connaissent l’origine du « Thanksgiving-day », affirme Le Figaro. Pour un pays jeune comme l’Union américaine, il est curieux de relater que l’observation de ce jour de grâce remonte à l’an 1636, lorsque les colonies britanniques du nouveau continent se trouvèrent, à la suite d’une mauvaise récolte, sans provisions et forcées de demander des secours à la métropole.
Or, rapporte l’article, il paraît que pendant des mois les colons de la Nouvelle-Calédonie attendirent en vain : l’assistance réclamée ne venait pas, et ils se voyaient menacés d’une terrible famine, lorsqu’un matin, celui du dernier jeudi de novembre, ils aperçurent de la plage, où ils s’étaient postés pour mieux guetter l’horizon, un bâtiment à voiles qui approchait. C’étaient les provisions demandées, la colonie était sauvée. Les excellents puritains décidèrent qu’ils rendraient chaque année grâces au Seigneur pour les avoir épargnés, et c’est ainsi que l’Amérique du Nord tout entière fête aujourd’hui son deux cent cinquantième « Thanksgiving-day », peut-on encore lire sous la plume du journaliste du Figaro.
Remarquons cependant qu’on peut faire remonter l’origine de cette fête à l’année 1621. Arrivés à bord du Mayflower le 11 septembre 1620, les premiers Pèlerins (Pilgrims) s’installèrent à Plymouth Rock, en Nouvelle Angleterre (aujourd’hui Massachusetts). La rigueur extrême de l’hiver 1620-1621 causa la mort de la moitié d’entre eux, et il fallut attendre l’année suivante et l’aide des indiens Wampanoags pour que les moissons, généreuses, fussent salutaires. C’est alors que les colons célébrèrent durant trois jours la fête de la moisson, fête traditionnelle anglaise qui donnera naissance à Thanksgiving.
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