L’artiste maîtrise les techniques de l’émail, qui demandent patience et persévérance. On devine le geste sûr, on est séduit par une technicité toujours plus poussée, sublimée par l’imagination de l’artiste. « Il faut être curieux dans ce métier, témoigne Pierre Christel, je n’ai pas envie de faire les mêmes émaux entre le début, jusqu’à la fin de ma carrière. Il faut sans arrêt que j’évolue, que j’avance, que je trouve autre chose. Que je surprenne le public également. »

Son atelier se trouve à Panazol, près de Limoges. Couleurs, matières, reliefs, cuissons... C’est ici que ce passionné de la matière et de la recherche, teste et persévère. De la patience il en faut, car dans l’art de l’émail, la science n’est pas exacte. Pierre Christel se joue des réactions chimiques, défiant les lois des arts du feu.

L’émailleur Pierre Christel

« La cuisson ne se fait pas du tout au degré près. Ce qui est important, c’est mon oeil, c’est l’expérience, un peu l’instinct aussi. Ce sont des choses que l’on acquiert au bout de quelques années. À mes débuts, j’ai eu des échecs invraisemblables. On se casse la gueule dans ce métier, c’est un cauchemar ! », tranche l’artiste avec philosophie.

L’art impose donc humilité et rigueur. Une méthodologie conservée de ses études d’architecte. Ces échantillons sont la base de travaux préparatoires. Un dialogue entre process et intention artistique. Tel un compositeur, ce mélomane se détache ensuite de la maîtrise de son art et mêle à l’envie ses inspirations au fil de ses expositions.

Primé par la fondation Bettencourt, exposé chez Sotheby’s, attendu par les collectionneurs du monde entier, c’est ici près de Limoges, berceau de l’émail dès le VI^e siècle, que Pierre Christel se tourne résolument vers l’avenir, là où il trouve tout ce dont il a besoin.

Ariane Pollaert
France 3 Nouvelle-Aquitaine
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