Jean-Marie Pongan est le dernier chaisier de Franche-Comté. Cet artisan de Haute-Saône est un homme libre. Il a choisi un style de vie hérité de ses ancêtres. Un quotidien intemporel devenu au XXIe siècle presque anachronique.
Avec Jean-Marie Pongan tout commence en forêt. Sur une parcelle près d’Igny en Haute-Saône, l’artisan repère les arbres dont il a besoin pour son travail. Son essence favorite est le frêne à la fois solide et souple. Pour les barreaux, il privilégiera des arbres plus « nerveux ». Il regarde aussi la courbure du tronc pour pouvoir ensuite l’épouser une fois rentré à l’atelier.
C’est l’œil qui guide la main de Jean-Marie Pongan. Il a appris le métier auprès de son père. Un travail où l’on sait réaliser une chaise de A à Z. Tracer, scier, dégauchir, rabouter, toupiller, poncer, percer, rempailler, teinter, vernir... Monter une chaise c’est au moins dix heures de travail. La moitié du temps est consacrée au paillage, la partie la plus ingrate et la plus physique selon Jean-Marie Pongon. La paille de seigle vient d’Auvergne, elle enrobe des joncs cueillis dans les marais de Haute-Saône.
Le paillage, l’opération la plus difficile pour le chaisier. © Crédit photo : Isabelle Brunnarius
La vie de Jean-Marie Pongan ressemble à ses chaises, bien d’aplomb sur leurs pieds. Tout est une question d’équilibre. Jean-Marie Pongan a choisi ce métier par passion, il aime le travail du bois et la liberté inhérente à ce travail solitaire. Ses clients sont tous des particuliers, parfois ils sont même les enfants de ceux qui confiaient leurs chaises et fauteuils au père de Jean-Marie Pongan. Dans cet atelier rangé au cordeau, le temps se déploie sans se soucier des modes. Les modèles de chaise ont des noms de rois de France. Le style Louis Philippe a encore ses adeptes.
Cet artisan est la cinquième génération de chaisier des environs de Gray. Jean-Marie Pongan n’aura pas de successeur. Ce métier ne semble pas intéresser les jeunes générations. Il pense prendre sa retraite mais sans vraiment fermer la porte de son atelier. On n’abandonne pas une passion du jour au lendemain.
Isabelle Brunnarius
France 3 Bourgogne Franche-Comté
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