Traçant leur chemin vers la modernité, dès 1820, les peintres arpentent le paysage avec une farouche volonté d’indépendance. Rompant avec les références historiques et littéraires héritées de l’enseignement académique, ces artistes peignent sur le motif une nature exaltée, tantôt fidèle à la réalité, tantôt enrichie par l’écoute des sentiments et émotions. Une liberté qui conduit à l’audace des impressionnistes.
L’exposition illustre l’évolution du paysage depuis la fin du XVIIIe siècle - début XIXe siècle alors que l’académisme est encore très présent dans les mentalités, jusqu’à la modernité d’une Denise Esteban (1925-1986) en passant par l’impressionnisme où les peintres se libèrent d’un carcan. Pour cette exposition, le Musée de Lodève s’est associé au musée des Beaux-Arts de Reims qui possède l’une des collections les plus importantes en France de peintures du paysage du XIXe siècle.
Le fonds du musée des Beaux-Arts de Reims a été enrichi par de très nombreux legs et de nombreuses donations faites à la ville par des collectionneurs privés rémois à la fin du XIXe siècle. Il possède ainsi les œuvres d’artistes prestigieux (Monet, Sisley, Renoir...) ainsi que 27 peintures de Corot ce qui constitue la collection européenne la plus importante après celle du Louvre.
Mantes. La cathédrale et la ville vues à travers les arbres. Peinture de Camille Corot (vers 1860-1865)
Parmi ce fonds très riche, le Musée de Lodève a choisi des œuvres permettant d’évoquer les principaux mouvements du XIXe siècle sur le thème du paysage : école de Barbizon, réalisme, impressionnisme, post-impressionnisme.
L’exposition met en lumière Camille Corot avec 11 peintures faisant partie des trésors du musée, mais aussi quatre toiles d’Eugène Boudin, accompagnées de peintures de Johan-Barthold Jongkind et de Félix Ziem. Gustave Courbet est représenté par deux œuvres. Une section entière est dédiée à l’école de Barbizon et ses représentants : Jules Dupré, Henri Harpignies, Charles Daubigny, Narcisse Diaz de la Pena, Stanislas Lepine, Constant Troyon. Impressionnisme et postimpressionnisme sont illustrés par Claude Monet, Auguste Renoir, Camille Pissaro, Albert Marquet, Gustave Loiseau, Maxime Maufra, Henry Moret, Fritz Thaulow...
Pour commencer, l’exposition trace pour commencer le moment où les peintres, aidés par les avancées techniques (chemin de fer, invention du tube de peinture), viennent de plus en plus à peindre sur le motif. Le site de Barbizon est le premier à attirer les peintres, notamment Camille Corot qui est considéré comme un des fondateurs de l’école, même s’il achève encore ses tableaux en atelier. Avec onze tableaux sur les vingt-sept que possède le musée de Reims, un hommage particulier lui est rendu. Les paysagistes du moment aiment à se retrouver dans le village de Barbizon, lieu de rencontre plutôt qu’école, où à travers étangs et sous-bois, il fait bon se promener, poser son chevalet et peindre la campagne au plus près de la réalité.
Dénommé par Corot, le « roi des ciels », Eugène Boudin occupe une place de choix dans la section dédiée aux peintres considérés comme précurseurs de l’impressionnisme. Ses coups de pinceaux rapides et irréguliers donnant parfois un aspect d’inachevé ne seront pas appréciés par le public de l’époque et il lui faudra attendre 1874 avec sa participation à la première exposition des impressionnistes, mais surtout 1884 avec un premier achat de l’État pour trouver reconnaissance.
Féerie nocturne. Peinture de Maxime Maufra (1900)
Devant la mer ou immergés dans la campagne, attentifs aux variations atmosphériques et poussant parfois à l’extrême leur sens de la couleur, les générations d’après, Sisley, Monet puis un peu plus tard Martin, Maufra et Moret, éblouissent dans la section dédiée aux impressionnismes. Sans oublier Marquet, représenté par une de ses plus belles vues des quais de la Seine qui le caractérisent.
Enfin, l’exposition s’achève sur une note plus contemporaine avec des artistes rémois : Paul Bocquet, Denise Esteban, ou ayant un lien fort avec la ville ce qui est le cas de Joseph Sima qui réalise les cartons pour les verrières latérales du chœur de l’église Saint-Jacques entre 1959 et 1965.
Exposition L’air du temps. Une histoire d’éventails, XVIIe - XXIe siècles
Musée de Lodève — Square Georges Auric — 34700 Lodève
Jusqu’au 29 mars 2023
Site Internet : https://www.museedelodeve.fr
Page Facebook : https://www.facebook.com/MuseedeLodeve
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.