Incontournable symbole de festivités, cette gourmandise est la star du mois de décembre. Mais d’où vient ce petit bonbon de chocolat emballé dans un papier brillant et accompagné d’un petit mot ? Et pourquoi c’est si bon ? Petite page d’histoire chocolatée et glucosée.
Elle est emballée dans son papier frangé et brillant. Dissimulant un petit mot d’esprit, une blague, un dessin ou encore un proverbe, la papillote est un incontournable produit festif. Pourtant, l’origine de ce bonbon de chocolat n’est pas connue de tous. La papillote est bel et bien une invention gourmande lyonnaise.
La première mention connue de la papillote à Lyon se situe autour de 1790. La papillote serait née en presqu’île, dans le quartier des Terreaux, plus précisément rue du Bât d’Argent. Selon la légende, le Sieur Papillot, chocolatier de son état, avait noté que ses friandises disparaissaient. Après une minutieuse enquête, il se rend compte que c’est son commis qui dérobe ses chocolats. Éperdument amoureux d’une jeune fille habitant au-dessus de la chocolaterie, il lui offrait des douceurs enveloppées de mots tendres.
Charmé par l’idée, le confiseur chocolatier Papillot aurait repris la bonne idée à son compte et remplacer les déclarations par de courtes citations. Une belle histoire au goût de légende. Nulles traces de mots doux en réalité. Les premières papillotes étaient en fait emballées avec de petites blagues ou des dessins.
C’est le chocolatier lyonnais Voisin qui aurait inventé la belle histoire du commis amoureux. Du marketing gastronomique avant l’heure. Ce chocolatier lyonnais en fabrique depuis plus de 120 ans. Une fabrication artisanale de plusieurs centaines de kilos chaque année. Les papillotes de luxe sont même emballées à la main chez les plus grands noms du chocolat.
Mais l’histoire retient surtout que c’est rue du Bât-d’Argent qu’est née l’histoire du chocolat à Lyon. C’est dans cette rue que les chocolatiers lyonnais, d’origine italienne, se sont installés au moment de la Révolution. Fin du XVIIIe siècle, le premier à s’établir dans ce quartier est un certain Pietro Casati. Un établissement qui est vite devenu une référence.
Une facture de la Maison Casati, chocolatier à Lyon, émise en 1857
et attestant de la naissance de la papillote. © Crédit photo : France Télévisions
« Il avait ouvert à l’étage, au numéro 12 de la rue du Bât-d’Argent, un petit salon où il servait du chocolat à boire. Les dames pouvaient se réunir pour déguster une tasse de chocolat chaud », le chroniqueur gastronomique et historien Yves Rouèche. « On servait le chocolat chaud, la cuillère devait tenir debout dans la tasse. Mais la papillote n’existait pas encore, mais si sa naissance se situait à cette époque », explique le spécialiste.
Les papillotes lyonnaises seraient nées environ 80 ans après la légende. En atteste une facture de la Maison Casati émise en 1857 pour plusieurs kilos de papillotes au chocolat. Dix ans plus tard, en 1867, on retrouve encore une fois la trace des papillotes dans l’Almanach de Guignol. Il évoque avec sa légendaire insolence les travaux des confiseurs du mois de décembre en indiquant : « Un confiseur, voulant être au niveau des mœurs nouvelles, au lieu d’images et de rébus, mettra dans ses papillotes des petits papiers sur chacun desquels sera écrit un article du Code pénal ».
Une boutique de friandises en chocolat à la fin du XIXe siècle. © Crédit illustration : Araghorn
C’est aussi à Lyon qu’un autre grand nom est associé à l’histoire de la papillote et à son développement. Il s’agit de la marque Révillon. Créée en 1898 dans la capitale des Gaules, par Jean-Baptiste Thomas et Claudius Pelen, l’entreprise s’est spécialisée dans la fabrication des papillotes de Noël.
De nos jours, cette spécialité lyonnaise est largement répandue. Le bonbon fourré pur chocolat, praliné ou pâte d’amande est toujours enrobé dans des mots d’esprit. Les chocolatiers lyonnais ou ligériens s’évertuent à perpétuer la tradition et à trouver le bon équilibre entre mots d’esprit et plaisirs gustatifs.
Dolores Mazzola
France 3 Auvergne Rhône-Alpes
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