LA FRANCE PITTORESQUE
Dinosaure : une nouvelle espèce
découverte en Charente
(Source : France 3 Nouvelle-Aquitaine)
Publié le samedi 2 novembre 2024, par Redaction
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L’été dernier, de nouvelles découvertes d’os de dinosaures, vieux de 140 millions d’années, ont été faites sur le chantier de fouilles d’Angeac-Charente. Ces fossiles seront acheminés prochainement au Muséum National d’Histoire Naturelle
 

Comme chaque année, les fouilles sur le site archéologique d’Angeac-Charente révèlent d’étonnantes découvertes. L’été dernier, une grande partie d’un squelette d’un herbivore a été trouvée lors d’une campagne de fouilles. Il pourrait s’agir d’une toute nouvelle espèce appartenant au groupe des sauropodes. Parmi ces quadrupèdes herbivores, on retrouve les brachiosaures et les diplodocus.

« Dans les 15 prochaines années à venir, il y aura de très belles découvertes »
D’immenses carrières du site sont désormais remises en eau. Cela nécessite un long travail de préparation et d’agrandissement. C’est le cas en ce moment où plus de 1 000 mètres carrés supplémentaires viennent de s’ajouter. L’agrandissement de ce site est loin d’être un hasard, explique Jean-François Tournepiche, paléontologue. « Les terrains fossilifères, les terrains à dinosaures, sont repérés. Le problème dans cette zone, c’est qu’ils sont recouverts par 10 000 tonnes de sédiments, qui sont les allusions de la rivière Charente qui coulait ici, il y a environ 100 000 ans, qui nous empêchent d’accéder aux couches à dinosaures. »

Les sauropodes étaient une espèce de dinosaures herbivores à quatre pattes, connus pour leur long cou et leur queue immense
Les sauropodes étaient une espèce de dinosaures herbivores à quatre pattes,
connus pour leur long cou et leur queue immense

Ces spécialistes estiment que cette zone de fouilles archéologies est très loin d’avoir dévoilé tous ses secrets : « On pense que, dans les 15 prochaines années à venir, il y aura de très belles découvertes. La première campagne sur ces terrains effectuée cette année l’a déjà démontré », ajoute-t-il.

Pour le site de fouilles archéologiques, cette découverte fut une véritable surprise. « Dès les premières fouilles au mois de juillet, on a trouvé les restes d’un très gros dinosaure. Dans un premier temps, on a trouvé des éléments d’un seul et même squelette d’un aussi grand dinosaure, alors que d’habitude, on trouve plusieurs ossements, mais qui sont dispersés sur le site. Ronan Allain [paléontologue français] a tout de suite vu qu’il ne s’agissait pas du grand dinosaure qu’on a l’habitude de trouver, le Turiasaurus. Mais celui d’un autre dinosaure que l’on ne connaît pas sur ce site, mais qui fait partie des Camarasaurus, qui ont un grand cou et une longue queue, que l’on pensait trouver uniquement en Amérique du Nord », confie Jean-François Tournepiche.

Direction le Muséum National d’Histoire Naturelle
Ces dinosaures vieux de plus de 160 millions d’années refont surfaces en partie grâce aux patrons de ces carrières qui les mettent gracieusement à dispositions des équipes scientifiques depuis 20 ans. « À l’époque, on trouvait des silex, mais aussi des défenses d’éléphants et de mammouths », confie Benoît Audouin, gérant des Carrières Audouin et Fils. « En parlant à Jean-François Tournepiche, il s’est dit que cet endroit doit être un gisement de dinosaures quelque part, et c’est comme cela que l’aventure a commencé. C’est une fierté : les mots carrières ou décharges ne sont pas très bien vus, mais grâce à cela, cela valorise notre travail et les gens avec nous. Ça met également en valeur le monde rural et le territoire. »

Si la découverte date de l’été dernier, certains des ossements de ce dernier dinosaure partiront prochainement au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris afin d’effectuer des analyses plus poussées. « Nous n’avons pas les moyens techniques de bien le préparer. Le Muséum a déjà préparé une salle spéciale où tous leurs préparateurs seront dédiés à ces pièces pendant plusieurs mois aux fossiles », indique Laurent Crépin, conservateur au musée d’Angoulême. « L’idée est de dégager lentement les différents fossiles, au moins quatre vertèbres, puis de les étudier. Une fois qu’ils seront consolidés, les chercheurs pourront faire des scanners afin de voir l’intérieur des ossements. »

Dans ce gros bloc de plâtre se trouvent plusieurs vertèbres du squelette trouvé sur le site d'Angeac-Charente
Dans ce gros bloc de plâtre se trouvent plusieurs vertèbres du squelette
trouvé sur le site d’Angeac-Charente. © Crédit photo : Christophe Guinot / France Télévisions

Une découverte majeure « pour Angeac, pour la France »
« Ce squelette va nous permettre d’apprendre tout un tas d’informations sur la morphologie : on peut espérer avoir des informations sur le type de mobilité et le déplacement de ces espèces, de ces dinosaures géants », ajoute Laurent Crépin, également paléontologue. « À l’intérieur, on n’est pas à l’abri de trouver d’autres éléments osseux qui pourraient compléter ceux que l’on a déjà trouvé sur le terrain cette année ».

Cette découverte va au-delà du territoire charentais selon lui. « Pour Angeac, pour la France, trouver des dinosaures entiers, cela montre bien le gisement que peut être ce site. En 15 ans de fouilles, c’est la première fois que l’on trouve un dinosaure pratiquement complet et entier sur place. De plus, il s’agit d’une nouvelle espèce : on va devoir émettre de nouvelles hypothèses pour savoir comment ces dinosaures se sont déplacés sur le territoire et voir tous les liens que l’on peut établir avec l’Amérique du Nord et l’Europe. » Le site d’Angeac-Charente est devenu au fil des années l’un des plus importants au monde en termes de découvertes paléontologiques.

Paul Grelier et Bruno Pillet
France 3 Nouvelle-Aquitaine

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