L’histoire des rois de cette époque est pauvre en monuments contemporains, qui puissent en expliquer les moeurs et les costumes. A défaut de ces monuments, on est généralement obligé d’emprunter à des temps postérieurs les figures de personnages qu’il serait impossible de reproduire avec le caractère et la physionomie de leur siècle. Grégoire de Tours, qui parle à peine des prédécesseurs de Childéric, nous apprend que ce roi, ayant été chassé de son pays par les Francs, vint se réfugier auprès du roi de Thuringe. Durant son absence, les Francs obéirent à AEgidius, général de l’Empire ; mais à la mort d’AEgidius, en 464, les Francs rappelèrent leur roi Childéric. Notons que ce récit, tenant plus de la légende que d’une réalité attestée, recèle de nombreux détails historiquement inexacts, accrédités et amplifiés notamment par Frédégaire au début du VIIe siècle.
Bague trouvée dans le tombeau de Childéric |
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Tels étaient à peu près les seuls documents historiques relatifs au règne de Childéric, lorsque, le 27 mai 1653, on découvrit à Tournai un tombeau qui ne laissait plus d’incertitude sur l’existence de ce prince. Dans ce tombeau, on trouva une bague, une tête de boeuf creusée de haut en bas, une épée, un style à écrire, de petites figures qu’on a prises pour des abeilles, une boucle, et deux médailles ovales représentant, l’une un scarabée, et l’autre une grenouille. Ce qui servit à dissiper tous les doutes sur le nom et la qualité de celui à qui ces divers objets avaient appartenu, fut la bague portant une tête en creux avec l’inscription : Childerici regis. Cette bague, de la forme de celles qu’on a appelées annuli sigillatorii, ou anneaux à sceller, représente Childéric la tête nue ; de longs cheveux flottent sur ses épaules à la manière des anciens rois francs, et il tient à la main une pique ou haste, autre signe de la royauté.
Ces précieuses antiquités avaient été données par l’empereur Léopold à l’électeur de Mayence, qui, en 1664, les offrit à Louis XIV, auquel il avait des obligations. C’est surtout sous le rapport historique, que le tombeau de Childéric peut être considéré comme un des monuments les plus remarquables qu’on ait découverts dans le dix-septième siècle. Toutefois il n’offre pas d’indications suffisantes sur le costume des premiers temps de la monarchie. Ces indications ne se trouvent que sur les statues des rois placées, soit sur le portail, soit dans l’intérieur de quelques églises.
Il résulte des recherches faites à ce sujet, que les rois de cette époque avaient emprunté des Romains les diverses parties de leur costume ; aussi les voit-on presque toujours revêtus de la tunique, de la toge et de la chlamyde. La chlamyde, vêtement que les Romains portaient ordinairement à la campagne, ne différait de la toge que parce qu’elle était plus courte ; elle s’attachait sur l’épaule droite par une boucle qui joignait les deux côtés, de telle sorte que le bras droit se trouvait libre, tandis que le gauche était caché et ne pouvait agir qu’autant qu’on relevait une partie de ce vêtement. A l’exemple des nations germaines, les rois portaient aussi une espèce de pallum, manteau ouvert par devant, et qui ressemblait encore au manteau des anciens Grecs.
A Rome, la tunique était l’habit qu’on portait par-dessous ; mais elle était assez courte et ne recouvrait les bras que jusqu’au coude, tandis que les tuniques de nos premiers rois étaient fort longues et descendaient jusqu’à terre. Des ceintures à bouts pendants servaient à resserrer la tunique ; celles des reines étaient enrichies de pierreries.
Quant à la chaussure, elle était fort simple. Clovis seul, parmi les anciens rois, est représenté ayant le pied presque entièrement découvert ; cette infraction à l’usage établi avait été occasionnée par une circonstance particulière de la vie de ce prince. Clovis, dit Grégoire de Tours, ayant reçu de l’empereur Anastase les codiciles du consulat, se revêtit de la pourpre, prit la chlamyde, plaça le diadème sur sa tête, jeta de l’or et de l’argent au peuple, et depuis ce temps fut appelé consul et auguste. Il y a apparence qu’il prit encore d’autres ornements de la dignité consulaire, et que c’est à compter de cette inauguration qu’il porta la chaussure échancrée, à l’exemple des empereurs d’Orient. C’est ainsi qu’on le voyait représenté à l’entrée de l’église de Saint-Germain-des-Prés, ainsi qu’au portail de Notre-Dame de Corbeil. La tête de cette dernière statue était entourée d’un nimbe ou cercle lumineux, image du soleil dans sa plus haute exaltation.
Le nimbe, ce signe symbolique dont parlent les historiens et les poètes de l’Antiquité, était autrefois placé autour de la tête des dieux et des empereurs. Dans les premiers temps du christianisme, on le reproduisait sur les images qui représentaient Dieu, les anges et les saints. C’est là sans doute, non moins que l’exemple des empereurs romains, ce qui porta les anciens rois de France à mettre cet ornement sur leurs portraits et sur leurs statues. Cet usage s’éteignit avant l’avènement de Charlemagne, et on ne retrouve plus le nimbe que dans les images et statues des rois qui ont été regardés comme saints et béatifiés.
A l’exemple de leurs princes, plus d’une fois les Francs dépouillèrent la saie guerrière et le ceinturon de cuir pour revêtir la toge des dignités romaines ; plus d’une fois leur blonde chevelure se para d’un manteau impérial ; l’or des chevaliers, la pourpre des sénateurs et des patrices, les couronnes triomphales, les faisceaux, tout ce que l’empire romain créa pour sa gloire concourut à celle de nos ancêtres.
Au portail de la même église de Notre-Dame de Corbeil, on remarquait aussi la statue de Chlotidle, femme de Clovis. La tête de cette reine, entourée d’un nimbe, était surmontée d’une couronne de forme annulaire ; sa ceinture était ornée de pierreries, et ses cheveux, descendant en longues tresses jusqu’au-dessous du genou, semblaient prouver que, comme les rois de cette époque, les reines avaient grand soin aussi de leur chevelure, qui, pour elles également, était un ornement et un signe de royauté.
Statues du porche de
Saint-Germain-des-Prés.
Côté gauche. Clodomir, Chlotilde, Clovis,
l’évêque saint Remy. |
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Parmi les anciens monuments de la monarchie française, il en est peu qui soient aussi curieux que les statues qu’on remarquait dans le porche de la vieille tour qui sert d’entrée principale à l’église de Saint-Germain-des-Prés. Il y en avait huit, quatre de chaque côté.
Des quatre statues élevées au côté latéral gauche, et que nous reproduisons ici, la première en commençant par la droite est celle de l’évêque saint Remy, foulant aux pieds un monstre, emblème de l’idolâtrie, sans doute parce qu’il avait contribué à la conversion de Clovis. L’image de ce prince vient après : elle est remarquable par la forme des vêtements et la richesse des ornements ; la troisième représente la reine Chlotilde ; enfin la quatrième est celle de Chlodomir.
La robe de Clovis descend jusqu’à terre ; son ample et long manteau ou chasuble antique n’a qu’une ouverture par où passe la tête ; entre sa robe et son manteau pend une large bande d’étoffe ; son sceptre est terminé par un aigle, comme le bâton consulaire.
Clotilde est revêtue d’une robe juste au corps et large par le bas, avec deux ceintures, l’une serrée sous le sein, l’autre lâche, placée plus bas, et dont les bouts se terminent à mi-jambes par trois cordons. Son manteau, peu ample , descend au-dessus du genou par devant, et jusqu’à terre par derrière. Sur le haut de sa poitrine est un grand bijou. Sa longue chevelure, attachée par intervalles, descend de part et d’autre, et laisse les oreilles découvertes. Sa couronne est décorée d’enroulements dont la disposition a quelques rapports avec la fleur de lys. Les quatre statues du côté opposé du portail de Saint-Germain-des-Prés représentaient Thierry, Childebert, Ultrogothe et Clotaire.
Statue de roi mérovingien.
Cloître de Saint-Denis. |
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Deux statues de rois mérovingiens étaient aussi sculptées sur deux des colonnes qui soutenaient le cloître de Saint-Denis. Nous donnons l’une de ces statues : le roi qu’elle représente porte un grand manteau et une ceinture à bords pendants. Les costumes des rois et des reines de l’époque se rapprochent, en général, de ceux de Clovis et de Clotilde, et n’en diffèrent que dans quelques détails.
Nous devons signaler, comme une singularité remarquable, que Clotaire II a été représenté portant son manteau attaché à l’épaule gauche, bien que l’usage fût alors de laisser toujours le bras droit libre et découvert. Dagobert, fils de Clotaire II, fut nommé roi d’Austrasie en 623, du vivant de son père. Six ans après, il réunit la Neustrie et la Bourgogne à l’Austrasie, et devint maître des trois royaumes, en s’emparant de la succession de son père au détriment de Charibert (Caribert II) son frère, qu’il réduisit à la possession d’une partie de l’Aquitaine. Dagobert se livra à de grands désordres, et dépouilla presque toutes les églises de son royaume pour enrichir l’abbaye de Saint-Denis, qu’il avait fondée, et où il mourut en 639.
Statue de Dagobert Ier.
Eglise de Saint-Denis. |
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Parmi les différentes statues de ce roi qui ont décoré l’église Saint-Denis, la plus ancienne et la plus digne d’attention est sans contredit celle que nous représentons. Placée sur la façade de l’édifice, lors des constructions ordonnées par l’abbé Fulrad, elle fut conservée par l’abbé Suger, et survécut ainsi à tous les changements qu’un accroissement de richesses, produit par la munificence des rois, fit subir aux bâtiments de cette célèbre abbaye. Montfaucon pense que cette statue a été faite à la mort de Dagobert, ou même de son vivant. Ce roi est représenté assis, revêtu de deux tuniques d’inégale longueur, dont la première, plus courte que l’autre, est serrée sur la poitrine et monte jusqu’au cou. Une grande chlamyde, attachée sur l’épaule droite, recouvre en entier le bras gauche. La couronne, de forme annulaire, est peu chargée d’ornements.
C’est après la mort de Dagobert que les maires du palais parvinrent à la toute-puissance, et que, laissant à des princes dégénérés le nom et presque tous les dangers de la royauté, ils en usurpèrent les honneurs et les avantages. Alors commencèrent ces débats sanglants et désordonnés qui agitèrent si violemment le dernier siècle de la race mérovingienne, sous le règne de ces rois fainéants.
Couronne
Les couronnes des rois et des reines de cette époque offrent une grande variété de formes. Plusieurs ressemblent à des bonnets et sont terminées par des espèces de diadèmes ; d’autres ont des trèfles, ornement qui se trouve, bien antérieurement, aux couronnes des empereurs et impératrices de l’empire d’Orient. Ce ne fut que sous Louis VIII (1137-1180) que le trèfle, dont on forma la fleur de lys, fut un attribut particulier au blason de l’Etat et aux couronnes de nos rois. Jusqu’à cette époque, on n’en avait pas encore mis sur l’écu de France, et ce n’est guère qu’à dater de ce temps qu’on en parsema le manteau des rois et les meubles à leur usage. Les couronnes sont indifféremment ouvertes ou fermées, et quand elles sont ouvertes, les trois fleurons qui les surmontent s’élèvent toujours perpendiculairement, de manière à figurer une espèce de trépied renversé.
Sceptre
Le sceptre a été de tout temps une marque de commandement. Le plus ancien des sceptres des rois de France était celui que tenait Clovis au portail de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés ; c’était un bâton surmonté d’un aigle. Au même portail, Childebert avait son sceptre, surmonté d’une touffe de feuilles semblable, par la forme, à une pomme de pin. Les sceptres, à terminaison variée, n’avaient point de longueur ni de forme bien déterminée.
L’historien Velly raconte que le sceptre de nos premiers rois était tantôt une simple palme, tantôt une verge d’or de la hauteur du prince, et courbée par le haut comme une crosse. On ne connaît pas de sceptre de cette dernière forme.
Le sceau de Dagobert, tiré des archives de Saint-Maximin de Trèves, est remarquable par le sceptre que tient ce roi, et qui ressemble à une branche composée de plusieurs rameaux. Un autre sceptre non moins curieux est celui qui, sous le nom de sceptre de Dagobert, fut longtemps conservé au trésor de Saint-Denis ; mais la partie supérieure seule peut être regardée comme un monument des premiers siècles de la monarchie française : elle représente un homme placé sur le dos d’un aigle qui vole, espèce d’apothéose dans le genre de celles que I’on voit sur les monuments romains, et dont le travail grossier semble se rapporter au goût de l’époque.
Statue de Pépin, d’après Brower, Gaignières et Montfaucon. |
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Etendard royal
Ce fut vers la fin du règne de Clovis que les Français eurent pour principale enseigne la chape de saint Martin de Tours. On appelait ainsi, selon quelques chroniqueurs, un étendard ou voile de taffetas, sur lequel était peinte ou brodée l’image de ce saint, que l’on venait en grande cérémonie prendre sur son tombeau. On la promenait solennellement autour du camp avant d’aller combattre, et on la gardait respectueusement sous une tente. Selon d’autres, cette chape était un pavillon sous lequel on portait les reliques de ce saint, mort l’an 400. Les armées se croyaient invincibles sous ses auspices. Il n’est plus fait mention de cet étendard depuis le règne de Hugues Capet.
Chevelure
La longue chevelure fut alors la marque distinctive des rois et des grands ; elle désigna les princes mérovingiens alternativement pour le trône comme candidats, et pour l’échafaud comme victimes. « Jamais, dit l’historien Agathias, on ne coupe les cheveux aux fils des rois des Francs. Dès leur première enfance, leur chevelure tombe d’une manière gracieuse sur leurs épaules ; elle se partage sur le front et se range également sur la droite et sur la gauche ; elle est pour eux l’objet d’un soin tout particulier. » Ils la séparaient en effet par des rubans, la parsemaient de poudre d’or, l’ornaient d’or, de perles et de pierreries.
Les historiens ont expliqué de diverses manières le surnom de Chevelu donné à Chlogion ou Chlodion, roi des Francs, qui succéda à Wahr-Mund ou Pharamond. Nicolas Gilles, dans sa Chronique, prétend qu’il fut ainsi surnommé, parce qu’ayant conquis quelques parties de la Gaule, il permit aux habitants de ces contrées de laisser croître leurs cheveux, ce qui leur avait été défendu depuis les conquêtes de César. L’abbé Trithème dit, au contraire, que ce prince reçut ce surnom, parce qu’il fit couper les cheveux aux Gaulois pour les distinguer des Francs, qui les portaient très longs. Havyn suit un troisième avis, et pense que ce surnom lui vint de l’ordre donné aux Francs de porter de longs cheveux, afin qu’on ne pût les confondre avec les Romains qui les avaient fort courts. Enfin une quatrième opinion est celle qui attribue cette appellation au privilège qu’avaient seuls les membres des familles princières de laisser croître leurs cheveux.
Selon toute apparence, ce fut sous Clovis que les Francs abandonnèrent l’ancienne coutume de se raser le derrière de la tête, première révolution que la chevelure éprouva en France, et qui amena la mode des cheveux ronds. Le roi continuait à les porter très longs, et ses parents de même ; la noblesse, à proportion de son rang et de sa naissance. Le peuple était plus ou moins rasé ; l’homme serf l’était tout à fait ; l’homme de poète, c’est-à-dire payant tribut, ne l’était point entièrement.
Soldats sous Charlemagne,
d’après Herbé |
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Les cheveux étaient alors en si grande vénération qu’on jurait sur sa chevelure, comme on jure aujourd’hui sur son honneur. En saluant quelqu’un, rien n’était plus poli que de s’arracher un cheveu et de le lui présenter. Clovis s’arracha un cheveu et le donna à saint Germier, pour lui marquer à quel point il l’honorait. Aussitôt chaque courtisan s’en arracha un et le présenta au vertueux évêque, qui retourna dans son diocèse enchanté des politesses de la cour.
Il n’aurait guère été possible au prélat de faire une pareille politesse aux courtisans. La tête du clergé tant supérieur que subalterne, avait beaucoup de ressemblance avec celle des capucins de nos jours ; le sommet était rasé en rond ; venait ensuite un cordon de cheveux fort courts ; le surplus de la tête était sans cheveux. C’était aussi l’usage, lorsqu’on embrassait la profession religieuse, d’abdiquer en quelque sorte ses cheveux. Un moine, par ses voeux, se rendait serf de Dieu. Il était naturel qu’il lui fît le sacrifice de ce qui passait alors pour le symbole de la puissance et de la liberté.
L’auteur des Essais sur Paris, Germain-François Poullain de Saint-Foix, parle d’une autre coutume de nos ancêtres relative à leur chevelure. Il raconte que, parmi les Francs, celui qui ne pouvait payer ses dettes allait à son créancier, lui présentait des ciseaux, et devenait son serf, en se coupant ou se laissant couper les cheveux. Le respect pour les cheveux était alors si grand, qu’une loi de 630 prononce une amende considérable contre quiconque est assez téméraire pour porter les ciseaux sur la tête d’un homme libre sans son consentement.
La coutume de dégrader les princes, en leur coupant les cheveux, s’accrédita parmi les descendants de Clovis. Quand Charlemagne régnait, cette valeur donnée aux cheveux ne s’était pas encore effacée, et de les perdre, il y allait de l’infamie ; car ce prince l’infligea à titre de peine pour des crimes qui avaient de la gravité.
Retour de chasse sous Charlemagne, d’après Aubry |
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Barbe
Ce ne fut que vers le commencement du sixième siècle que les Français cessèrent de se raser entièrement le visage : ils conservèrent un petit bouquet de barbe à l’extrémité du menton. Bientôt ce bouquet s’étendit le long des joues, et la barbe était déjà très ample, très commune en France au septième siècle. Les soins que les Français se donnèrent pour cultiver leur barbe rendirent ce nouvel ornement très respectable.
Retour de chasse sous Charlemagne, d’après Aubry
Arracher un poil à quelqu’un, lui tirer ses moustaches, furent autant de crimes qu’on s’empressa de prévenir. La même loi de 630 prononce également une amende contre quiconque osera couper la barbe d’un homme libre, sans son consentement. Cette amende est fixée à la moitié de la peine décernée contre celui qui coupait les cheveux. Les gens d’église étaient les seuls qui ne cultivaient pas la barbe. Nul n’était admis dans le clergé, à moins qu’il néût abjuré la nouvelle mode et fait le sacrifice du poil qui régnait autour de son menton.
Aussi les peintres s’écartent-ils prodigieusement du costume, lorsqu’ils représentent les prélats, les prêtres, les moines des sixième, septième et huitième siècles avec des barbes vénérables. Cette prétendue marque du pouvoir et de la sainteté était absolument étrangère aux ecclésiastiques de ces temps reculés. Les laïcs, au contraire, poussaient le luxe et la coquetterie jusqu’à parer leurs barbes de perles, de paillettes d’or, et d’argent ; du moins, quelques statues de nos anciens rois avaient des barbes ainsi décorées.
La mode des barbes très courtes s’introduisit sous le règne de ceux qui furent désignés par l’expression rois fainéants. La jeunesse de la plupart de ces princes put influer sur cette révolution. Par la suite, les Français dégagèrent le bas des joues, et l’on vit renaître le petit bouquet de barbe à l’extrémité du menton. Charlemagne supprima cette réserve. Il y a même tout lieu de croire que ce monarque n’aimait pas les visages surchargés de poil. Il n’accorda aux Bénéventins Grimoald pour duc, qu’à condition que ce nouveau souverain obligerait les Lombards à se raser le visage.
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