Paul Potter, célèbre peintre d’animaux, est né à Enckuysen, en 1625, d’une famille honorablement connue. Il dut les premières leçons de son art à son père, et développa de bonne heure les heureuses dispositions, dont il était doué. Les études exécutées parce maître, à peine âgé de quinze ans, excitent encore chaque jour l’admiration des connaisseurs.
Le jeune artiste étant venu s’établir à La Haye, épousa en 1650 la fille aînée d’un architecte avec lequel il s’était lié, et vit dès lors sa réputation aller toujours en grandissant. Vers cette époque la comtesse douairière de Zolms lui demanda un tableau pour un dessus de cheminée. Ce chef-d’œuvre, fameux sous le nom de la fâche qui pisse, fut dédaigné de la comtesse, qui n’en goûta point le sujet ; mais bientôt, apprécié à sa juste valeur, il n’a cessé d’être recherché à des prix sans mesure, et après avoir brillé dans les plus magnifiques galeries, il a été acheté en dernier lieu pour le compte de l’empereur Alexandre.
En 1662 Paul Potter, à qui des envieux avaient rendu désagréable le séjour de La Haye, céda aux prières du bourgmestre d’Amsterdam, son ami, son admirateur, et alla demeurer dans cette dernière ville. Infatigable au travail, la chute du jour ne devenait pas même pour lui le signal du repos. Son délassement consistait à graver des eaux-fortes, que recommandent la netteté, la finesse, la légèreté de sa pointe. Dans ses promenades il n’oubliait jamais de porter un petit livre de croquis, et dessinait tout ce que la nature lui offrait de frappant. Ces travaux continuels altérèrent sa santé ; il tomba dans une maladie de langueur. Potter mourut à l’âge où la plupart de/s artistes ne font encore qu’entrevoir les hautes destinées que le génie leur prépare ; mais il a laissé un nom qui ne doit point périr.
Paul Potter marche à la tête de cette foule de peintres qui, dans leur genre, ont fait la gloire de l’école hollandaise, tels que le brillant et spirituel Carie Dujardin ; Berghem, si remarquable par la grâce et l’originalité de ses compositions ; Albert Cuyp, dont la chaleur, l’harmonie, la variété ont tarit de charmes ; et cet Adrien Yan-der-Velden, mort aussi avant le temps, et en qui la maturité du talent n’attendit pas non plus le nombre des années.
Dans ses ouvrages, simples et vrais comme la nature qui leur servit de modèle, Paul Potter, dont le pinceau magique donnait la vie aux animaux, a rendu leurs allures, leur physionomie, leurs habitudes, leurs mœurs, pour ainsi dire, avec quelque chose de la bonhomie de La Fontaine. Naïf, sans manquer de force, pariait de dessin et d’expression, il était encore un grand coloriste. Le tableau dont nous avons parlé plus haut lui assure des droits incontestables à ce titre.— Ulysse Tencé.
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