Second fils de Dagobert, il eut en partage les royaumes de Neustrie et de Bourgogne, en 639 ; comme il était encore en bas âge, le gouvernement fut confié à la reine Nantilde, sa mère, et surtout à Ega, puis à Erchinoald ou Archambaud, tous deux successivement maires du palais. Avec le même titre, Pépin le Vieux gouvernait l’Austrasie pendant la minorité du roi Sigebert, frère de Clovis II, et les Bourguignons, qui avaient renoncé à avoir un maire du palais depuis Clotaire II, ayant exigé le rétablissement de cette charge dans le royaume de Bourgogne, la France entière se trouva soumise au pouvoir de ces tuteurs des rois, d’autant plus dangereux qu’ils commandaient l’armée, qu’ils étaient élus par les grands, et que leur naissance ou les alliances qu’ils contractaient les rapprochaient encore du trône.
En effet, la reine Nantilde ayant fait obtenir la mairie du palais du royaume de Bourgogne à Flaochat, autrement appelé Flavade, seigneur qui lui était fort attaché, elle lui donna sa nièce en mariage. Nantilde vécut trop peu pour le bonheur de la France ; son ascendant était assez fort pour contenir les prétentions toujours si actives pendant les minorités, surtout à une époque où l’obéissance n’était pas dans les mœurs de la nation française. Elle donna une grande preuve de sa justice en consentant, sur la demande des seigneurs d’Austrasie, au partage égal des trésors du roi mort entre les deux fils qu’il avait laissés ; car les trésors d’un monarque de la première dynastie étaient un des plus forts moyens de sa puissance, et Nantilde, qui ne gouvernait que les Etats de Clovis II, eut assez de générosité pour se dessaisir de la moitié des richesses de Dagobert en faveur de Sigebert, sur les Etats duquel elle était sans influence, parce qu’il n’était pas son fils.
Le désordre qui règne dans les chroniques de ce temps annonce la confusion qui s’était introduite dans le royaume ; on n’y tient plus compte des faits qui intéressent la gloire de la France ; à peine prend-on soin de marquer les dates, que l’histoire réclame à défaut d’autres renseignements ; on ne sait des rois que leur nom ; leur autorité appartient au plus habile, et les mêmes hommes sont loués ou condamnés avec si peu de mesure, qu’il est impossible de se prononcer aujourd’hui sur la probabilité des accusations et la valeur des éloges.
Tout ce qu’on sait de Clovis II, c’est que les révolutions contre la famille royale d’Austrasie le rendirent seul possesseur de l’héritage du grand Clovis ; qu’après avoir prodigué des trésors pour nourrir les pauvres dans un temps de famine, il employa au même usage les lames d’argent dont le roi Dagobert avait couvert le faîte de l’abbaye de Saint-Denis, ce qui, suivant quelques historiens, en le faisant chérir du peuple, indisposa fort les moines contre lui ; qu’il épousa en 651 Bathilde, jeune Anglaise d’une grande beauté, enlevée par des pirates, et vendue comme esclave à Erchinoald, son maire du palais ; que, sujet à de fréquentes convulsions qui affaiblissaient son esprit, il mourut en 657, laissant trois fils mineurs, Clotaire III, Childéric II et Thierry III, ce dernier encore au berceau.
Il passe pour être le premier roi de France qui se soit servi d’une voiture, jusque-là réservée pour les reines, et dont Boileau a si bien représenté la marche :
Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent,
Promenaient dans Paris le monarque indolent. |
Il ne serait pas extraordinaire que Clovis II, dont la santé était faible, se fût servi de cet équipage dans un temps où l’on n’en connaissait pas d’autre ; car ce n’est pas pour s’être fait traîner lentement par des bœufs que ce prince a été déclaré fainéant, mais pour s’être montré en voiture à une époque où les rois ne paraissaient en public qu’à cheval.
Lorsqu’en 657 Grimoald est exécuté par Clovis II, Childebert l’Adopté règne sur l’Austrasie. Fut-il tué également, Clovis II réunissant alors la Neustrie et l’Austrasie dont le gouvernement fut assuré par le maire du Palais Archinoald ? Conserva-t-il le trône d’Austrasie avant d’être tué en 662 ? On ne peut le déterminer avec certitude. Quoi qu’il en soit, Clovis II mourant peu de temps après l’exécution de Grimoald en laissant trois fils en bas âge, c’est son épouse, la reine Bathilde, qui assura la régence.
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.