Fils de Thierry III et frère de Clovis IV, il succéda à ce dernier dans le royaume de France, en 695, n’étant âgé que de douze ans : c’est le troisième roi sous lequel Pépin le Gros exerça la puissance. Non seulement Childebert n’eut aucune autorité dans les conseils, aucune action directe sur ses sujets, mais Pépin profita de sa jeunesse et de la retraite dans laquelle il l’avait tenu jusqu’alors, pour le dépouiller de ce cortège pompeux qui frappe l’imagination des peuples, et sert à leur faire distinguer le chef suprême lorsqu’il se montre à leurs regards.
Les grands officiers de la couronne cessèrent d’accompagner le roi, et se rangèrent dans les cérémonies, autour du maire du palais. Childebert, livré à quelques domestiques, dont le premier emploi sans doute était de rendre compte de ses paroles et d’interpréter tous ses mouvements, vivait renfermé dans quelque maison de plaisance, d’où il sortait une fois par an pour venir présider l’assemblée des états ; encore avait-on le soin de ne le montrer au peuple que dans un chariot traîné par des bœufs, parce que cet équipage, réservé aux femmes, dans un siècle où les rois eux-mêmes ne paraissaient qu’à cheval, était devenu ridicule depuis que Clovis II s’en était servi le premier.
C’est ainsi que les maires du palais avilissaient ces jeunes princes, dont l’éducation leur était confiée. Cependant Childebert, sans autorité, confiné loin de la cour, et n’ayant pour témoins de ses qualités que des serviteurs sans crédit, a reçu le surnom de Juste. Faut-il croire, avec Mézeray, que ce titre lui fut donné par les historiens uniquement pour le distinguer des autres Childebert ? Ce roi mourut le 23 avril 711, après un règne de 16 ans, et fut enterré dans l’église de Saint-Étienne de Choisy, près de Compiègne. Il laissa un fils nommé Dagobert, qui lui succéda.
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