Comte de Paris, fils aîné de Robert le Fort, duc de France, il n’est point qualifié par ses contemporains du titre du duc, dont cependant il hérita après la mort de son père. Robert le Fort avait été un membre important de l’aristocratie franque, et était issu de la famille des Robertiens, qui donnera plus tard naissance à la dynastie capétienne. En 852, Charles le Chauve l’avait fait abbé laïque de Marmoutier, puis missi dominici des régions de Tours et d’Angers. Lorsque le souverain avait installé son fils Louis II le Bègue à la tête du comté du Mans, Robert s’était révolté et avait rejoint Louis le Germanique, frére de Charles le Chauve, avant d’accepter de se soumettre en 861, en échange du marquisat de Neustrie. Il eut dè lors en charge la lutte contre Bretons et Normands, et c’est au demeurant en combattant ces derniers à la bataille de Brissarthe (prés d’Angers) en 866, qu’il trouva la mort.
Eudes défendit vaillamment Paris durant le siège qu’il eut à soutenir contre les Normands en 885. Il l’abandonna un moment pour aller solliciter des secours auprès de l’empereur Charles le Gros, laissant en son absence le commandement de la place à Ebles, abbé de St-Germain-des-Prés. A son retour il traversa victorieusement les lignes ennemies ; mais le duc de Saxe qu’il avait devancé, et qui commandait le renfort obtenu, ayant été moins heureux, laissa, par sa défaite et sa mort, les Parisiens tristement déçus dans leur attente.
Quelque temps après, l’empereur n’arriva lui-même que pour traiter avec les Normands, à de honteuses conditions. En 888, les Français, les Neustriens et les Bourguignons, dans une assemblée générale des grands du royaume, qui suivit la mort de Charles le Gros, payèrent par le trône les services d’Eudes. Les Normands reparurent ; le nouveau roi répondit à la confiance de la nation, en gagnant sur ces barbares la bataille de Montfaucon.
A la guerre succéda la révolte : Eudes eut à combattre quelques seigneurs qui méconnaissaient son autorité ; il les vainquit, fit trancher la tête à leur chef, le comte Valtguire, et poursuivit les restes de leur parti jusqu’en Aquitaine. Son éloignement éveilla l’audace des amis du jeune Charles III, dit le Simple. Foulques, archevêque de Reims, et Hébert, conte de Vermandois, lui avaient mis une couronne sur la tête ; il fallut la défendre, et ils le firent par la fuite.
Eudes, après avoir forcé son faible compétiteur à se retirer en Bourgogne, consentit à composer avec lui. Le royaume fut partagé : la partie située entre le Rhin et la Seine cédée à Charles, et le reste conservé par Eudes, qui en jouit paisiblement jusqu’à sa mort, arrivée le 3 janvier 898 à La Fère (Aisne) ; son corps fut porté à Saint-Denis dans la sépulture des rois.
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